novembre 2007

Fleuriste : une affaire de goût

La profession recrute 1000 à 1300 personnes par an. Un métier pas toujours facile où la technique doit s’accompagner de sens créatif.
Photo Laurent Cheviet
Fleuriste : une affaire de goût

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Pour décrire leur métier, elles parlent avant tout de passion. Myriam Brenier, fleuriste sur les marchés bisontins, évoque la nécessité et le bonheur de cultiver ses propres fleurs. Estelle Cuinet, créatrice du magasin “Pensée de violettes” à Pontarlier parle de produits vivants qu’il faut avoir “envie de le connaître, d’apprivoiser, de respecter, dont il faut connaître les qualités”.
“En général, je trouve qu’on a un peu perdu le rapport à la botanique, aux leçons de choses ajoute-t-elle. Quand j’ai eu le bac, je ne savais même pas comment poussait une fleur. Aujourd’hui, je trouve que ces notions manquent aux jeunes qui sortent de CAP. Lorsque je recrute ou que je reçois un stagiaire ou un apprenti, je me fie moins au diplôme qu’au feeling vis-à-vis des fleurs”.
Les diplômes (CAP et BP) demeurent essentiels, mais ne suffisent pas. “A mes débuts, j’ai connu un fleuriste qui m’a dit qu’il fallait 7 ans d’expérience pour faire un bon fleuriste. Je crois qu’il avait raison” dit Estelle Cuinet. Le BP permet, lui, de s’installer à son compte. Une voie suivie par de nombreux fleuriste après quelques années d’expérience, quasiment la seule qui permet une progression de carrière dans la profession. Cela explique que 75 % des employés se mettent un jour ou l’autre à leur compte. Car les salaires demeurent faibles et le métier n’est pas tout rose : des ouvertures les dimanches et jours de fête, un travail debout, un environnement froid et humide, des journées qui commencent tôt sont loin d’en faire une sinécure.
De son côté Myriam Brenier vend des fleurs qu’elle cultive elle-même sur les marchés de Besançon depuis 9 ans. Un parcours choisi, symptomatique du discours des professionnels : la première qualité d’un fleuriste est d’aimer les fleurs. “Auparavant je travaillais dans le secteur de l’environnement, mais en bureau relate-t-elle. J’avais envie de travailler à la campagne, de revenir à la terre”. Aujourd’hui, elle cultive, vend en direct et sur commande et commence à développer un système d’abonnement et de livraison.  “Ce qui me plaît, c’est l’ensemble. Je ne me satisferais pas de faire juste des bouquets et de la vente, j’adore aussi cultiver. Ce n’est pas toujours évident de tout faire seul mais c’est ce qui m’intéresse. Cela permet de diversifier les tâches. Je ne fais pas des grosses quantités mais j’ai trouvé le seuil qui me permette d’en vivre en gardant le côté plaisir. Faire plus, cela veut dire embaucher et passer à autre chose…” Installée à Mazerolles, dans le Doubs, elle cultive en pleine terre une soixantaine d’espèces différentes, fleurs de jardin allant de l’ancolie et la campanule au printemps aux zinnias, asters et dahlias pour terminer la saison. “Le principal souci est le côté saisonnier. Pour la vente, il y a la période  creuse du printemps et je démarre vraiment en mai. Et pour la culture, il y a plein d’aspects aléatoires, liés au temps, qu’on ne maîtrise pas. C’est parfois rageant”. Quelques inconvénients minimisés par les satisfactions “de travailler dehors, de la liberté de travailler seul, de s’organiser comme on l’entend”.
Fleuriste, ce n’est pas seulement de composer des bouquets et les vendre. Savoir s’approvisionner, bien connaître les différentes variétés de fleurs, les réceptionner, les stocker, les entretenir représentent la face cachée du métier. Sans compter le sourire et l’amabilité qui siéent à toute profession commerciale. “Les notions techniques ne suffisent pas. Il faut avoir du goût pour les formes, les textures, les couleurs, la créativité. Nous ne sommes pas tout à fait des artistes, car dans notre domaine c’est la nature qui est créatrice, mais nous sommes là pour la sublimer”. 
Passion rime aussi avec satisfaction. Il existe un bonheur à faire plaisir. “Lors de mon premier Noël dans la profession, j’ai pleuré en imaginant la distribution des cadeaux que j’avais confectionnés se souvient Estelle Cuinet. Une personne qui vient nous voir pour son mariage veut que ce soit le plus beau jour de sa vie, qu’on lui propose quelque chose d’unique, pour elle. Quand après elle revient remercier c’est vraiment touchant. Et cela arrive aussi pour des enterrements. Je crois que notre métier, c’est ça : savoir donner de l’émotion à tous les moments de la vie”.
S.P.
Où se former
CFA et lycée agricole Lucien Quelet, 95 rue de Turenne, 90300 Valdoie (03 84 58 49 60)
CFA agricole du Doubs, 10 rue François Villon, 25000 Besançon (03 81 41 96 40)
CFA Hilaire de Chardonnet, 3 chemin de la Malcombe, 25000 Besançon (03 81 41 29 70)
Maison familiale rurale d’éducation et d’orientation, route Nationale, 70100 Chargey-les-Gray (03 84 64 80 36)
Natur’art, 22 rue de Turenne, 90300 Valdoie (03 84 21 37 76)

Salaires
Le salaire brut mensuel d’un fleuriste salarié débutant titulaire du CAP est de l’ordre du Smic. Celui d’un fleuriste qualifié titulaire du brevet professionnel (BP) est aux environ de 1 360 euros brut. Un responsable de magasin peut gagner plus, selon le chiffre d’affaire de son point de vente. A son compte un fleuriste au commerce bien placé peut dégager des revenus allant de 2 000 à 4 000 euros par mois.

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