octobre 2017

L'Armageddon en chantant

Une playlist en lien avec la parution d'Ostwald, premier roman de Thomas Flahaut. Pop, rock, reggae, soul, prog... L'Apocalypse a été source d'inspirations musicales tristes, mais aussi joyeuses. En voici 33 exemples. A la suite de Saint Jean, l'utilisation des nombres est fréquente et le 7 particulièrement apprécié.
Dessin Christian Maucler

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Bob DylanA hard rain's a-gonna fall (1963)
L’un des premiers grands textes de Dylan construit sur des images qui dégoulinent de sang et une inspiration biblique pleine de chiffres. Il est chanté sur un mode triste et résigné, éloigné du ton contestataire de "Masters of war" auquel est souvent associé le Dylan de l’époque - et qu’il a très peu incarné.

The Cape Kennedy Construction Company - Armageddon (1969)
La Compagnie envoie un son de jet malveillant sur fond de marche funèbre. Le psychédélisme, né du flower power et d’expériences opiacées, a aussi un côté sombre.

Neil Young After the goldrush (1970)
L’écologie porte en elle le syndrome de la fin du monde, dont elle est en grande partie issue. Sur l’une de ses plus belles chansons Neil Young s’en fait le porte-parole à travers un texte dylanien se terminant sur l’image d’élus quittant la planète dans des vaisseaux d’argent. Un thème sur lequel il est souvent revenu ensuite, comme dans "Earth" ou "Plastic flowers". Le chant est haut pour être poignant, comme plus tard pour "Philadelphia".

Eugene McDaniels - The lord is back (1971)
Prudent avec cet axe, Eugene prophétise : «le Seigneur est de retour, il cavale sur les rails de la résurrection, il vient faire des corrections, il voyage sur les routes de la destruction de masse, il scrute chacun pour sa sélection». On peut trembler car «Il est fou, Il est feu».

YesAnd you and I (1972)
Une chanson en 4 parties (on est dans le domaine du rock progressif) dont la dernière, de 40 secondes, s’intitule “Apocalypse”. Elle se conclut sur des «vallées de mers sans fin» après qu’il a été question d’être «tous laissés mourant» et d’un «triste prédicateur cloué sur la porte du temps».

Willie Williams - Armagideon time (1978)
Un reggae triste qui utilise l’Armageddon comme métaphore du temps présent. En 1978, c’est le changement selon Willie Williams : on n’est plus dans une ambiance de Noël mais dans celle de l’apocalypse. Un titre repris par the Clash un an après.

The Clash - Four horsemen (1979)
Joe Strummer se réfère aux quatre mystérieux cavaliers du livre de l’Apocalypse, dans un texte imprécis mais qui évoque quand même un jugement et un long chemin vers la fin.

Hubert-Félix ThiéfaineAlligators 427 (1979)
Vu l’état des troupes et du monde, la fin peut aussi s’apprécier comme un espoir sombre. En poète désespéré de l’humain, Thiéfaine psalmodie «et vive la mort». Le titre serait le nom de code de l’armée américaine pour désigner les bombes atomiques qui ont frappé le Japon. Rien à voir, mais on retrouve le 4, le 2 et le 7 dans le dernier livre de l’Ancien testament, l’Apocalypse de St-Jean.

The Monochrome Set - Apocalypso (1980)
Il fallait oser un tel jeu de mot. Bid semble heureux de chanter la mélodie de la bombe A qui «siffle joyeusement sur moi». «Hourrah pour le missile de la porte du paradis». Danser pour conjurer le sort ?

Crass - Nagasaki nightmare (1982)
Deux minutes 40 un peu trop calmes dans une ambiance orientale zen avant que des sons abrasifs ne viennent incarner la tempête occidentale. La musique est en adéquation avec le titre.

In Camera - Apocalypse (1982)
On croit entendre un mix improbable de Joy Division et Sleaford Mods sur ce titre postpunk dont le groove implacable ne laisse pas de doute sur la fatalité du dénouement.

Prince - 1999 (1982)
La vie est une fête et les fêtes ne durent pas. Tandis que les cieux s’empourprent et que les gens courent pour échapper à la destruction, Roger Nelson recommande d’écouter son corps, danser et faire la fête comme si c’était la fin. Au lieu de se morfondre.

REM - It’s the end of the world (as we know it) (1987)
Michael Stipe s’est souvent érigé en prophète du désespoir. Ici, avec le plus explicite des titres, il s’amuse sur une mélodie joyeuse en chantant précipitemment un carambolage d’images. En précisant qu’il se sent bien.

PixiesMonkey gone to heaven (1988)
Une fin du monde non nucléaire selon Black Francis : un trou dans le ciel, un sol trop chaud, tout va brûler et on va tous y passer. L’heure est si grave qu'exceptionnellement, sur ce titre, les Pixies convoquent violoncelle et violon.

The The - Armageddon days are here (again) (1989)
«Are you ready Jesus ? Buddah ? Muhammad ? Aha». La fin du monde c’est pour tout le monde pareil. Matt Johnson ironise sur le sort de l’humanité pendant 5 mn 40.

Happy Drivers – Armageddon (1991)
Les Iroquois du Maine-et-Loire le font à leur manière rapide et nerveuse. 1’43", ça suffit pour passer à autre chose. Tchao les mecs.

Meshuggah - New millennium cyanide Christ (1998)
Le metal, c’est comme l’écologie : l’eschatologie lui est inhérente. Aussi le choix est-il vaste : ce groupe parmi beaucoup d’autres, ce titre parmi beaucoup d’autres. Ce Christ de cyanure est-il l’Antéchrist ? Il est en tout cas question de révélation (le sens de l’Apocalypse), de sauver l’humanité ratée dans une nouvelle éternité avec un Christ venant racheter les mensonges.

Tom McRae - End of the world news (dose me up) (2000)
Quand les journaux annoncent la fin imminente, le choix se situe entre "à quoi bon ?" et "profite de ce qui reste". Tom McRae cultive l’ambiguité ; les deux options pouvant se comprendre.

Songs Ohia - The world at the end of the world (2000)
Habitué des sujets et des interprétations très sombres, Jason Molina devait bien aborder un jour ou l’autre ce sujet «full of sorrow». Après 6 minutes lentes et funèbres, plus personne ne rit.

Extreme Noise Terror - When god burns (2001)
A l’opposé du précédent, c’est l’autre son qu’on peut attendre d’une chanson qui évoque la fin. Violent, terrifiant et brûlant, même sans comprendre ce qui se dit.

Pulnoc - End of the world (2001)
Le groupe tchèque tient aux rêves car ils maintiennent l’âme, «abysse noire, abysse sans fond», en sécurité jusqu’à la fin des jours.

Muse - Apocalypse please (2003)
Le style grandiloquent de Matthew Bellamy et son groupe se prêtent bien à un sujet aussi pyrotechnique que la fin du monde. Voix exaltée, clavier, batterie : tout s’emballe. Un peu de solennité, s’il vous plaît.

Gérard Manset - la Fin du dernier monde connu (2004).
Plainte lancinante, constat presque sans couplet puisqu’il n’y en a pas besoin. Seule compte la litanie «on voit la fin des derniers temps».

CocoRosie - Armageddon (2005)
On peut aussi le faire en mode comptine et dire une prière à Walter Disney et Mike Tyson (douceur et violence ? pourquoi pas ?) pour ensuite tous aller en enfer.

Blackfield - the End of the world (2007)
Constat sans appel, mais envoyé d’un ton serein sur des notes de piano rêveuses et apaisées : «Nous sommes sans espoir, esclaves de nos peurs, nous sommes un accident nommé êtres humains».

Moby - Sweet apocalypse (2008)
L’apocalypse en douceur instrumentale planante.

Peter Von Poehl - Near the end of the world (2009)
Le songwriter suédois bien connu des Belfortains décrit un monde de silence et de glace éclairé de bougies.

Tame Impala - Apocalypse dreams (2012)
Est-ce un rêve et si c‘en est un va-t-on se réveiller ? La chanson pose de multiples questions dont le lyrisme personnel pourrait s’interpréter universel. Comme dans la fin du monde de Skeeter Davis, l’apocalypse peut être une donnée intime de la conscience.

Deap Vally - End of the world (2013)
Des notes distordues pour illustrer un appel et un cri de douleur : la fin du monde est dans le comportement humain : trop de temps perdu et de maux de tête, de haine et de dos brisés.

MotobunnyApocalypse twist (2015)
Motobunny chante l’apocalypse comme s’il s’agissait d’une soirée au drive-in. Rock joyeux.

James - Girl at the end of the world (2016)
«Nous sommes sur une courbe aveugle et n’avons nulle part où aller». La voix de Tim Booth possède les inflexions nécessaires pour chanter les défunts et prier pour les vivants, sans être trop larmoyant.

Metallica - Now that we're dead (2016)
Sept minutes de metal déchaîné pour un message d'espoir : après le passage de la moissonneuse, il est question de lumière, d'éternité, de Royaume à venir. «Débarrassé de cette peau, on peut vivre à jamais».

Cigarettes After Sex - Apocalypse (2017)
Une musique étrangement apaisée pour chanter des paysages qui tombent en poussière, des hélicoptères qui se crashent dans l’océan et de l’eau qui monte aux genoux : tout semble se passer au ralenti. Coincés ici jusqu'à la fin des temps, on ne peut même pas dire au revoir.

En livres
Ancien testament, l'Apocalypse de St-Jean
JG Ballard : le Monde englouti
René Barjavel : Ravage
Lutz Bassmann : les Aigles puent
Cormac McCarthy : la Route
Will Self : le Livre de Dave



En films
Christian de Chalonge : Malevil
Constantin Lopouchanski : les Lettres d’un homme mort / le Visiteur du musée
George Miller : Mad Max 1 à 4
Seth Rogen et Evan Goldberg : This is the end
Franklin Schaffner : The Omega man

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- Thomas Flahaut débute par la Fin

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