février 2000

Les 35 heures remettent les syndicats en selle

Cette nouvelle conquête sociale est l'occasion de mieux comprendre leurs rôles et intérêts aujourd'hui.

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Rendus interlocuteurs nécessaires par la loi sur les 35 h, les syndicats ont trouvé dans les négociations en découlant un souffle nouveau. En France, depuis un siècle, les salariés adhérents n'ont jamais - à une ou deux exceptions - dépassé une fourchette oscillant entre 9 et 12 %. On peut le trouver dommage dans le sens où le syndicalisme a pour but principal de défendre les droits quotidiens dans le monde du travail. Un besoin séculaire : en 1511, des ouvriers de la cathédrale de Bordeaux s'étaient arrêté de travailler pour réclamer de meilleures conditions. Et si l'on veut remonter plus loin, en 2100 avant J.C, des serviteurs du temple de Thèbes se sont mis en grève pour obtenir plus de rémunérations en nature. Aujourd'hui, tous les syndicats sont d'accord, c'est la réduction du temps de travail qui redonnent un peu aux salariés le goût du syndicalisme. Les 35 h ne peuvent en effet être négociées que par un syndicat ou quelqu'un de mandaté par ce dernier. «C'est une chance pour nous indique Evelyne Pujo, secrétaire générale de la CFDT en Franche-Comté. Nos équipes ont été poussées à aller dans les entreprises pour négocier alors que celles-ci sont plutôt fermées aux syndicats. Donc on a pu rencontrer les salariés et créer des sections d'entreprise».

   Une activité méconnue

Le syndicalisme est méconnu et paradoxalement beaucoup plus du point de vue civique (fonctionnement, utilité, droits et devoirs) que dans son histoire ou ses actions, très largement médiatisées. Tous les syndicats le constatent, incriminant en particulier l'absence d'instruction sur le monde et le droit du travail dans les cursus scolaires et universitaires. «C'est un regret reconnaît Anne Girardot-Chalons, présidente de l'union régionale CFE-CGC et je mets en cause les organismes de formation, Education nationale comprise, où l'ouverture sur le syndicalisme et les informations claires sur la nécessité de se syndiquer sont totalement absentes. Nous ne sommes jamais, ni les uns ni les autres, appelés dans les écoles pour expliquer nos notions du syndicalisme».
«Le syndicalisme est très mal expliqué à l'école, d'autant que les profs ne connaissent pas le secteur privé» déplore de son côté René Posty, secrétaire général de Force ouvrière dans la région. Autre argument d'Anne Girardot-Chalons, «si nous, syndicats, n'avons pas été bons parce qu'on a tous un problème de communication avec les salariés, nous ne sommes pas aidés par la presse qui privilégie le sensationnel aux activités de terrain. Elle ne parle que des grèves et des manifestations. Si elle s'intéressait à ce qu'on fait au quotidien, c'est-à-dire défendre les salariés de façon apolitique et humaniste, l'image que l'on donne changerait». Evelyne Pujo avance une autre explication : «En France, contrairement à d'autres pays, un salarié n'a aucun intérêt direct à se syndiquer puisqu'un non-adhérent profite des mêmes avantages sociaux. L'Etat gère le social depuis longtemps. Alors un minimum de gens adhère mais les finances syndicales profitent à tous puisque les négociations profitent à tous.» Il est vrai que si l'on regarde du côté de l'enseignement, où la syndicalisation est notoirement prise en compte dans les nominations, le taux d'adhésion atteint des sommets. Tous, à commencer par la CGT, souhaitent rappeler que le syndicat aujourd'hui n'est plus celui du couteau entre les dents. Et que, même si de grands mouvements revendicatifs existent toujours, leur action principale, quotidienne, concerne plutôt l'organisation de la vie dans l'entreprise en contrepoids au patronat. Ce numéro spécial de TOPO vous donne l'occasion de mieux le découvrir, à travers les propos de responsables et de militants des 5 principales centrales syndicales, présentées dans l'ordre des résultats aux dernières prud'homales. Avec à chaque fois, les mêmes thèmes d'intervention.

Stéphane Paris
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