octobre 2017

Thomas Flahaut débute par la Fin

A 26 ans, cet écrivain né à Montbéliard, vient de publier "Ostwald", premier roman remarqué par les critiques littéraires. Il y est question de catastrophe nucléaire.
Photo Laurent Cheviet
Thomas Flahaut débute par la Fin

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C’est assez rare pour être remarqué : Thomas Flahaut n’a eu besoin que d’un seul envoi pour recevoir l’accord d’une maison d’édition. Qui plus est de la part de l’Olivier, l’une des plus prestigieuses de France. «Je suis lecteur de l’Olivier alors je me voyais bien là ! Je n’ai pas eu à chercher plus loin, ils m’ont dit d’accord en me demandant de retravailler ce que j’avais envoyé. Ils m’ont accompagné pour toute la suite. C’est un peu intimidant mais c’est une chance».
"Ostwald" démarre sous les meilleurs auspices. Les premières critiques ont confirmé la réactivité de la maison d’édition : très positives. Pas mal pour un premier roman d’un auteur inconnu, né il y a 26 ans à Montbéliard.
L’origine du roman remonte à son année passée à l’Institut littéraire suisse de Bienne (1) en 2015. «La Maison d’Ailleurs, à Yverdon, a demandé à des écrivains de participer à une exposition sur "Stalker" (2). Ca m’avait amusé d’imaginer la destruction de la centrale de Fessenheim ou une salle du Haut-Koenigsbourg remplie de singes. Plus tard, je bloquais sur d’autres textes et je suis retombé sur cette nouvelle. Quand j’ai trouvé l’idée de mettre en parallèle Fessenheim et la fermeture d’Alsthom, la petite et la grande histoire, les catastrophes collectives et individuelles, je me suis dit que je tenais peut-être un texte pour dire que le présent est déjà chaotique. La trame est un prétexte pour parler de beaucoup d’autres choses. Ecrire un roman postapocalyptique n’était pas une envie spécifique». Mais il s’est pris au jeu, a fait des recherches sur un thème présent dès la Bible et qui, depuis 1945, est essentiellement nucléaire. «Je me souviens que vers l’an 2000 on avait droit à un film catastrophe à chaque Noël. Le thème est omniprésent dans les esprits, mais bizarrement il n’est pas si présent en littérature». Il cite Antoine Volodine, Cormac McCarthy et par certains aspects «on peut dire que Céline, Claude Simon, Sebald, "Guerre et paix" ont des côtés apocalyptiques».

   "C'est plaisant de 
   rencontrer les lecteurs"


Il a beaucoup réfléchi à la structure du roman. Première personne du singulier, temps présent, chapitres courts vus «comme des séquences de film», «écriture volontairement désaffectée».
«J’avais deux éléments certains : la manière qu’a le narrateur de raconter le monde et le parallèle entre un drame familial et un événement catastrophique». On l’a compris, c’est moins la science-fiction que la littérature qui l’intéresse. «J’ai toujours beaucoup lu et j’écrivais, comme beaucoup de gens. A 14-15 ans, j'ai été marqué par Kerouac. Puis il y a eu Jean-Philippe Toussaint pour sa manière de raconter des histoires en intégrant les évolutions de l'écriture. Mais avec le temps, les influences se diluent. J'aime simplement raconter des histoires de manière littéraire. Après la licence, je m’interrogeais sur ce que je voulais et je me suis dit que ca me plairait vraiment de le faire sérieusement».
Il dit devoir beaucoup à son passage à l’Institut de Bienne qu’il a intégré après le lycée St-Jean à Besançon suivi d’une licence en études théâtrales à Strasbourg. «L’Institut m’a donné le cadre de travail qu’il me fallait. En gros, la seule chose dont j’avais à m’occuper était de me concentrer sur l’écriture, pratiquer quotidiennement, ne faire que ça, sauf pour bosser l’été en supermarché. Dans ma scolarité, je n’ai jamais été particulièrement précoce. Ecrire un roman : sans l’Institut, j’aurais été impressionné. Ca m’a permis d’aller vite et avec l’éditeur ça a accéléré. Et aujourd’hui, le roman sort !»
L’école de Bienne est basée sur des ateliers et une sorte de tutorat par un écrivain. Thomas a pu bénéficier des conseils de Noëlle Revaz. Egalement partie prenante du collectif d’écriture "Hétérotrophe", il est désormais de l’autre côté de la barrière. Il ne dévoile pas ses idées pour la suite, mise pour l’instant entre parenthèse par la partie promotion. «C’est prenant mais ça me plaît de rencontrer des lecteurs, des auteurs. Les séances dédicaces sont parfois compliquées mais les tables rondes sont sympas et je mets un point d’honneur à lire les livres des autres participants. J’ai étudié les lettres, les théories littéraires, alors ça me plaît d’en parler et de partager avec le public. Et puis c’est chouette de sortir de chez soi !»

Stéphane Paris


Notes
(1) L’institut littéraire suisse est une section de la Haute école des arts de Berne. Il accueille 15 étudiants chaque année. Infos.

(2) Film russe d’Andrei Tarkovski

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