juin 2023

L’Adepape prolonge l’action de la protection de l’enfance

Quand arrive leur majorité, les jeunes sortant des dispositifs d’aide à l’enfance sont trop souvent démunis. Dans le Doubs, comme dans d’autres départements, une association a vu le jour pour les aider.
Photo Laurent Cheviet

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Ils sont cinq et ont décidé de mettre leur vécu et leur expérience à la disposition des autres. En l’occurrence, de toutes les personnes accueillies, à titre divers, en protection de l’enfance, pupilles de l’Etat comme personnes ayant été admises dans les services d’Aide à l’enfance. Morgane Poctier, Romain Marion, Mandy Frisetti, Olivier Monneret et Sébastien Cuinet ont créé en 2021 une Adepape dans le Doubs, comme il en existe dans de nombreux départements (1).
Certains ont connu ce chemin et témoignent combien il est difficile. Un problème retient particulièrement l’attention  : le parcours qui suit l’aide sociale quand les jeunes deviennent majeurs. Il est résumé par ce chiffre frappant : entre un tiers et un quart des personnes sans domicile fixe sont issus de la « protection de l’enfance ». Depuis l’an dernier, une loi reconnaît le droit à la prise en charge des majeurs de moins de 21 ans ne bénéficiant pas de ressources et de soutiens suffisants, lorsqu’ils ont été confiés à l’ASE avant leur majorité (2). Une avancée pour que plus aucun jeune ne sorte de l’aide sociale sans solution, dont les effets ne sont pas encore mesurables. Mais un an après, Roland Bonnaire, président d’Adepape 21 n’a pas vu beaucoup de changements. « On attend encore véritablement la mise en œuvre. Les « sorties sèches » demeurent très problématiques. »
La difficulté des parcours de vie se répercute sur l’insertion. A 16 ans, ces jeunes sont déjà trois fois plus nombreux que les autres à être déscolarisés. A l’arrivée de la majorité, c’est encore plus compliqué. Romain résume : « En sortie d’ASE, il n’y a pas de famille, pas de repères. Beaucoup de jeunes sont dans le présent et dans un parcours chaotique. Or, c’est exactement le moment où la voie est difficile, mais il n’y a rien pour pousser, soutenir, confronter au monde. Ne pas avoir de famille n’est pas seulement une question de relations. C’est aussi ne pas avoir de patrimoine culturel et social pour avancer. Certains mettent toute la vie à recoller les morceaux. Et quand tu n’as droit à rien, tu ne peux pas espérer continuer des études. »

Trois types d’actions

La tâche est d’autant plus ardue que les 5 membres du bureau d’Adepape 25 sont bénévoles, et doivent conjuguer l’activité avec leurs emplois du temps professionnels. Ils ont déjà l’appui de quelques autres personnes mais toutes les bonnes volontés pour les aider sont les bienvenues. «  On a besoin de gens actifs, ouverts d’esprit, la tête sur les épaules  ». Ils se fixent trois objectifs principaux. D’abord aider directement les jeunes majeurs en sortie d’ASE. Ils vont mettre en place une permanence d’accueil hebdomadaire à l’Udaf du Doubs (12 rue de la Famille à Besançon). « On veut être une main tendue, une passerelle pour ces jeunes au moment où ils sortent du dispositif. On veut leur apporter une aide, des repères, des conseils, par exemple en les orientant vers d’autres services ou structures en fonction de leurs besoins. On veut être des sortes de grands frères et sœurs à leur écoute ». L’organisation de journées, de repas, de sorties est envisagée. « Nous voulons proposer un accompagnement sur les plans moral, administratif et financier ».
Autre axe d’action, la représentation des jeunes en protection de l’enfance dans les institutions et associations spécifiques comme la commission d’évaluation de la situation et du statut des enfants confiés ou la commission d’agrément à l’adoption. « Au sein des Départements, à qui revient la compétence de l’aide sociale, il y a des sièges réservés aux Adepape » précisent-ils. «  C’est notre vécu et notre parcours qui nous ont forgés et enrichis et nous donnent le bagage qui nous permet de prendre la parole. On connaît la réalité du terrain, le positif et le négatif des situations » signale Mandy.
Elle-même est très sollicitée. Elle doit intégrer le conseil d’orientation des politiques de jeunesse, instance nationale consultative placée auprès de la première ministre. « Cette instance est là pour faire remonter des thématiques, préparer des propositions de lois ». C’est le troisième rôle qu’entend jouer l’Adepape 25 : une dimension de plaidoyer et d’influence des législateurs. Pour essayer d’améliorer le quotidien d’une « grande famille » : 310 000 enfants sont confiés à l’ASE chaque année en France.

S.P.


(1)
Adepape : Association départementale d’entraide des
personnes accueillies en protection de l’enfance. Comme la protection de l’enfance fait partie des prérogatives des Départements, l’idée est d’avoir une association par département pour être en phase avec cette organisation. En Bourgogne-Franche-Comté, presque tous en sont désormais pourvus et une union régionale pourrait voir le jour au 2e semestre de cette année.

(2)
Loi relative à la protection des enfants du 7 février 2022. Publié au Journal officiel du 6 août 2022, le décret décret n° 2022-1125 précise le cadre d’application de ce nouveau droit : les départements sont tenus de compléter «si nécessaire» un «projet pour l’autonomie devant couvrir a minima certains besoins». Six sont mentionnés : l’accès à des ressources financières nécessaires à un accompagnement vers
l’autonomie ; l’accès à un logement ; l’accès à un emploi, une formation ou un dispositif d’insertion professionnelle ; l’accès aux soins ; l’accès à un accompagnement dans
les démarches administratives ; un accompagnement socio-éducatif.

«Bientôt majeur»

Le Département de la Haute-Saône a mis en place le dispositif « Bientôt majeur », destiné à soutenir les jeunes de l’aide sociale à l’enfance dès 16 ans dans le développement de leurs capacités à devenir des citoyens autonomes et responsables. La collectivité propose un parcours formalisé spécifique, intégrant des aspects règlementaires (révision de situation, rédaction du projet d’autonomie). Ce dispositif est un des axes de travail essentiel en faveur de la prévention des sorties sèches dans le cadre de la contractualisation avec l’Etat pour la lutte contre la pauvreté et l’accès à l’emploi.

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