novembre 2018

Saint-Apollinaire, ville novatrice de l’intergénérationnel

Dans deux quartiers de cette commune de l’agglomération dijonnaise, plusieurs personnes travaillent à favoriser le lien social et proposer des activités associant les seniors. Un cas d’école en France, depuis 2002.
Photo Laurent Cheviet
Saint-Apollinaire, ville novatrice de l’intergénérationnel Saint-Apollinaire, ville novatrice de l’intergénérationnel

  • commentercommenter
  • envoyerenvoyer
  • imprimerimprimer
  • caractèrePLUSMOINS
En ce 30 octobre, elles sont 3 retraitées à participer à l’animation du jour, la préparation d’une soupe en commun. Le froid qui enveloppe l’agglomération dijonnaise a peut-être découragé les motivations. «C’est parfois un peu compliqué pour que ça prenne déclare Barbara Millot, l’accompagnatrice à la vie sociale qui prépare les animations. Il m’est arrivé de faire une sortie shopping avec une seule personne. D’autres fois, elles sont une petite dizaine. On parle d’isolement des personnes âgées, mais il y a aussi une volonté de leur part de ne pas sortir, de rester chez elles en sécurité». Mais les 3 participantes de l'activité du jour sont ravies de l’occupation. 
Peut-être faut-il attendre que des habitudes se prennent. Le quartier Pré Thomas est neuf, le programme Atout âge également. Barbara Millot travaille pour le Vill’âge bleu de la Mutualité français dans le cadre de ce programme lancé par la Ville de Saint-Apollinaire. Proposé depuis 2 ans à Pré Thomas, il est le deuxième créé par la municipalité après Générations élaboré dès 2002 dans un autre quartier, Val Sully. La Ville duplique une idée à la fois précurseur et couronnée de succès, avec notamment un prix d’innovation sociale dans un concours de l’UNCCAS

   Projets précurseurs

Ces projets ont été conçus avec différents partenaires des champs du logement ou du social (1), pour favoriser la solidarité intergénérationnelle, le maintien des personnes âgées dans la cité. Ils incluent logements, espaces d’accueil collectifs et animations. Une charte de respect et d'entraide est proposée aux habitants. Dans certains cas, des familles ont profité de cette politique pour se regrouper, rapprocher les grands-parents des petits-enfants. «Des élus et des journalistes viennent régulièrement en visite signale également Isabelle Benoit, directrice de l’office municipal des aînés. Certains sont même venus de l’étranger. Plusieurs villes comme Rennes,  Villevêque, Nouan-le-Fuzelier ou Le Mans ont mis en place des dispositifs proches».
Ni Barbara Millot, ni Suzy Ribeiro, son alter ego en charge des animations à Générations, n’avaient vocation à travailler dans l’accompagnement des aînés. «Auparavant, j’étais responsable périscolaire dit Suzy Ribeiro. Je trouve ce que je fais désormais à la fois chouette et intéressant. On est là pour apporter la matière et fédérer.» La matière : de nombreuses animations (au moins une par semaine en novembre et décembre) allant du loto aux jeux aux activités manuelles. «Le public varie. Parfois on a des familles. Quand on organise des activités avec les enfants, ça va tout seul. Tout le monde adhère». En évoquant le Val Sully, Isabelle Benoit décrit un quartier où vivre ensemble est une réalité. Seul bémol, le monde «des ados, la tranche la plus compliquée à impliquer. Mais sinon, on constate que les relations existent, il se passe des choses, mais pas forcément spontanément. Il y a un besoin de créer des activités. On suggère, mais on ne fait pas tout à la place des résidents. Les habitants peuvent aussi nous faire des demandes. Les agents d’animation servent de relais et sont à l’écoute de chacun».
Après 15 ans, la Ville tire un bilan positif de Générations. «Les différents professionnels y travaillant se sont approprié «l’esprit Générations». Ils apportent une dynamique complémentaire. Ils se rencontrent régulièrement pour proposer des actions qui permettent aux gens du quartier, aux enfants, aux aînés de se rencontrer. L’intergénération ne se décrète pas, elle se vit. Il ne suffit pas d’affirmer la nécessité des relations entre les générations pour que celles-ci se mettent en place. Il faut se donner les moyens pour qu’émerge une telle dynamique».

   Silver economy

Saint-Apollinaire est une commune de 7500 habitants, dont 30 % de plus de 60 ans. Son exemple montre que l’accompagnement des personnes âgées génère de l’emploi ailleurs que dans le seul domaine médical. Dans l’industrie, c’est évident puisque le logement et la vie quotidienne des aînés sont l’objet de recherche et développement pour mieux aménager l’habitat et limiter les risques. Les expressions "silver economy" ou "or gris" utilisées pour caractériser ce domaine laissent soupçonner un certain potentiel... Dans le social, cette notion vient moins spontanément à l’esprit. Et s'il est encore balbutiant, l'accompagnement des seniors représente une partie d'un secteur à fort potentiel d’emploi à venir. Une étude de la Dares ("Les métiers en 2022") note que «l’ensemble des professions de soins et d’aide aux personnes fragiles devrait bénéficier d’une forte dynamique de l’emploi. Aides à domicile, aides-soignants et infirmiers figureraient ainsi parmi les métiers qui gagneraient le plus d’emplois à l’horizon 2022, avec de l’ordre de 350 000 créations nettes en 10 ans». Pyramide des âges aidant, le besoin ne peut que s’amplifier. Selon la Dares, «le vieillissement de la population engendre des besoins croissants en matières de soins et d’accompagnement de la dépendance dans un contexte de baisse programmée du nombre de médecins et tandis que les possibilités de prise en charge par les familles tendent à se réduire avec la poursuite de la hausse du taux d’activité des femmes après 45 ans et la fragmentation croissante des structures familiales. Le développement de la médecine ambulatoire et le maintien à domicile des personnes âgées nécessiteront donc un accompagnement par des professionnels des services à la personne. Le nombre de professionnels de l’action sociale, répondant aux besoins des personnes âgées, des personnes handicapées et des jeunes en difficulté, devrait également être orienté à la hausse».

   
Mixité sociale

Retour à Pré Thomas. A quelques mètres de la salle polyvalente, des jeunes en insertion s’activent dans une brasserie pédagogique créée par les Pep. Installée au milieu du quartier, "Traits d’union" offre un espace de restauration où se retrouvent le midi personnes âgées, habitants du quartier, salariés. Que des jeunes de l’IME dijonnaise les Ecayennes préparent et servent les repas complète la mixité. Certains viennent parfois aux animations intergénérationnelles.
«Pour ces jeunes, c’est valorisant note Sonia, agent d’accueil responsable de la brasserie. Des habitués viennent tous les jours, des liens se créent, c’est vraiment intéressant. Inversement, il arrive que l’on se rende à la salle commune pour certaines animations proposées par Barbara». Pour elle non plus, l’aspect intergénérationnel n’était pas dans ses perspectives. Mais elle est venue à la brasserie car le projet global l’intéressait : «c’est d’abord du relationnel. Et depuis qu’on a ouvert, en septembre, ça se passe super bien. C’est un public facile, avec lequel il est agréable de travailler».

Stéphane Paris
En savoir plus
Saint-Apollinaire, ville intergénérationnelle

Vill'âge bleu

Brasserie Traits d'union

(1)
La Ville de Saint-Apollinaire, Grand Dijon habitat et la Fedosad ont lancé conjointement Générations, appuyé sur les recommandations d’un sociologue. A Pré Thomas, la Mutualité, les PEP, Orvitis, l’Acodedge et l’Adapei participent au programme.

En photo
1 A la brasserie Traits d'union

2 Isabelle Benoit

3 Animation soupe avec Barbara Millot

Retour

Commentaires

Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.

Se connecter S'inscrire

articles

express

Elections européennes


mars 2024
Les élections approchent : 9 juin. Pour voter, il faut avoir 18 ans au plus tard la veille du scrutin et être inscrit sur les listes électorales d’une commune. Normalement, les moins de 26 ans sont déjà inscrits, notamment s'ils ont effectué le recensement citoyen à 16 ans. Mais si ce n'est pas le cas ou s'il y a eu déménagement depuis, il faut se réinscrire. Cette opération peut s'effectuer en ligne jusqu’au 1er mai (suivre ce lien) et jusqu’au 3 mai pour les inscriptions en mairie ou par courrier.

Prix de l'Homme debout


mars 2024
Le prix de l'Homme debout est un concours d'expression destiné aux jeunes de 12 à 15 ans organisé par le festival Livres dans la Boucle à Besançon. Il s'agit de défendre une idée en vidéo pendant 2 minutes sur le thème justice/injustice. Pour concourir, il faut participer à 2 ateliers gratuits puis envoyer son intervention via Whatsapp avant le 30 juin. 4 prix seront décernés en septembre (places de spectacles et de cinéma, carte Avantages Jeunes, rdv exclusif à Détonation). En savoir +

Appel à projets de solidarité internationale


février 2024
La Ville de Besançon soutient les associations bisontines engagées dans un projet de solidarité internationale ou d’éducation à la citoyenneté mondiale, en leur apportant une aide financière (15 000 euros répartis entre les différents projets retenus). Les associations loi 1901 à but non lucratif, ayant leur siège sur le territoire bisontin sont concernées par cette aide aux projets. Les formulaires de candidature sont téléchargeables sur le site de la Ville de Besançon. Ils doivent être envoyés avant le 1er avril par courrier (Ville de Besançon, service des relations internationales, 2 rue Mégevand, 25034 Besançon cedex) ou par mail (secretariat.relations-internationales@besancon.fr).

39-45, mémoires d'une jeunesse en guerre


janvier 2024
Radio Campus Besançon a recueilli quatre témoignages inédits de personnes ayant vécu la Seconde Guerre mondiale. Ils avaient entre 9 et 18 ans et vivaient à Besançon, Ris-Orangis ou encore Coutances. Plongez au cœur de leur histoire ! Tous les épisodes sont en ligne sur le site campusbesancon.fr.

Harcèlement


septembre 2023
De plus en plus préoccupant, le harcèlement scolaire concernerait 2,6 % des élèves de CM1-CM2, 5,6 % des collégiens et 1,3 % des lycéens selon l'Education nationale. Pour y faire face, le ministère généralise le programme Phare (Prévenir le harcèlement et agir avec respect) et insiste sur l'utilisation des numéros d'urgence 3018 (cyberharcèlement) et 3020 (harcèlement scolaire). Un plan interministériel de lutte est en préparation.
Voir tout