juillet 2023

Villes d’eau

Désimperméabiliser, végétaliser : les mots clés d’une nouvelle politique urbaine. Exemples à Lons et Besançon.
Dessin Christian Maucler

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Comme de nombreuses autres villes, Lons-le-Saunier s’adapte et adopte tous les gestes possibles pour préserver l’eau. « Il y a un changement de paradigme expose Geoffrey Visi, conseiller municipal délégué au cadre de vie. A chaque fois que l’on fait des travaux, par exemple, on sépare les réseaux pour ne pas surcharger les stations d’épuration et polluer ». Le réseau séparatif consiste à collecter les eaux de pluie indépendamment des eaux usées. Un système préconisé par la législation par rapport à l’autre mode de collecte, le réseau unitaire. L’adoption de ce fonctionnement permet également « d’alimenter en eau de pluie nos équipes d’espaces verts qui n’utilisent donc plus l’eau potable pour les secteurs végétalisés ». L’eau qui arrive sur la voirie est au maximum dirigée vers des secteurs perméables. La gestion de l’eau intègre une politique plus générale d’adaptation au changement climatique qui passe également par un choix d’essences plus adéquates, de systèmes d’arrosage goutte à goutte ou encore de mise en circuit fermé des fontaines publiques. « C’est une réflexion générale dans laquelle chaque petite action compte ».
En parallèle, la perméabilisation des sols contribue à mieux alimenter les surfaces en herbe et les nappes phréatiques. « Il faut arrêter de considérer l’eau comme un déchet » résume Geoffrey Visi. Il est aussi question de confort de vie. « On reconfigure pour réduire la taille de la voirie, proposer un meilleur cadre, un meilleur paysage urbain, en repensant également le mobilier ». La végétalisation de certaines zones, d’abord en vue de lutter contre les îlots de chaleur, rejoint collatéralement cette optique. « Les cours d’école ont été majoritairement bétonnées. L’idée est de les renaturer et les rafraîchir en s’appuyant sur la végétation ». En projets à Lons : deux groupes scolaires, le pôle d’échanges multimodal de la gare, la place de la Liberté fin 2024.
Même si ce n’est pas l’objectif principal, revenir à un sol naturel ne peut qu’avoir un effet bénéfique sur les nappes. Plus qu’un sol imperméable en tout cas. A Besançon, l’école Brossollette a été la première à faire l’objet d’une désimperméabilisation, en retirant l’enrobé, et d’une végétalisation. « Le principal objectif était de lutter contre les îlots de chaleur et de favoriser une diversifcation de la cour résume Samuel Lelièvre, directeur du service biodiversité et espaces verts de la Ville. Cela a été réalisé en concertation avec les enfants, les parents, les agents mais aussi les riverains puisque l’espace inclut un coin nature partagé tantôt ouvert sur la cour, tantôt sur l’extérieur. Cela favorise la biodiversité tout en servant de support pédagogique. 30 % de la cour est végétalisée. » Bilan : un espace qui ressemble plus à un parc qu’à une cour, l’îlot de chaleur est en partie résorbé, un usage qui a changé.
En complément, cela permet de restaurer le système de circulation de l’eau « même si ce n’est pas l’objectif initial. Ça participe un peu à rétablir le système hydrique mais c’est quand même un petit espace, donc l’effet est marginal sur la nappe phréatique. Favoriser l’infiltration et la déconnexion permet surtout d’éviter le renvoi d’eau de pluie dans le réseau unitaire. Cela dénote aussi d’un état d’esprit avec un rôle d’exemplarité. L’idée est aussi de changer le regard et le rapport à l’espace public et à la nature, de faire prendre conscience ».
« C’est aussi une zone test à partir de laquelle on évolue. Par exemple, on améliore au fur et à mesure les matériaux utilisés pour les sols, relate Samuel Lelièvre. On intervient sur 4 à 5 nouvelles cours par an et on a recours aux techniques mises en place lors d’autres travaux dans l’espace public, pour répondre aux enjeux du changement climatique avec du végétal. »
L'eau potable à Lons
Lons-le-Saunier est depuis longtemps préoccupée de l’état de l’eau potable. Depuis 2020, la compétence eau a été transférée de la Ville à Ecla, l’Espace communautaire Lons agglomération. « Nous avons un souci de préservation de la ressource eau qui participe à un effort global déclare Stéphanie Ceballero, directrice des régies d’eau et d’assainissement. Ecla dispose de divers outils, notamment d’aides aux agriculteurs en contrepartie de pratiques vertueuses. Ecla travaille avec l’Agence de l’eau ou avec les associations locales interbio pour diverses actions en faveur de la restauration de rivières, du désherbage mécanique, de haies arbustées. Il identifie les leviers d’action pour préserver la nappe phréatique, déployant notamment une stratégie foncière d’acquisition de parcelles pour les louer en « bio ». « La vie c’est le bio : c’est l’orientation qu’on prend. On voit que de nombreux agriculteurs ont envie de changer leurs pratiques. Quand on leur dit qu’un produit est dangereux, ils en tiennent compte. Mais il faut oser le dire. Il faut oser dire « pas de phyto sur les aires de protection de captage ». Pour Ecla, l’eau fait partie d’une préoccupation plus générale. « On est à un carrefour pense Stéphanie Ceballero.  Mais aujourd’hui, on met en avant la balance commerciale et l’économie alors qu’il faudrait dire que la sécurité alimentaire et la santé passent avant ». Christine Combe, chargé de mission agriculture environnement tient à préciser : « si on veut protéger l’eau et tout le reste, il faut inciter mais aussi indemniser convenablement les changements de pratique. Je peux comprendre que ce soit compliqué pour les agriculteurs. Il faut assurer leur risque ».

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