Comment es-tu entré dans le monde du bijou ?
Un peu par hasard. C'est en étant modèle dans des défilés mode pour Contraste Bijoux il y a six ans que j'ai commencé à m'intéresser à cet univers. Je travaille avec Contraste depuis maintenant quatre ans.

D'où vient le nom Traaast Bijoux ?
Mon projet de bijoux a commencé en partenariat avec la marque Contraste. Ce que j'ai bien aimé dans Traaast, c'est que les sonorités, qui rappelle le nom de la marque sont proches du mot trust qui veut dire croire en anglais. J'ai direct voulu mettre trois A parce qu'étant fan de gaming je suivais une team E-sport française qui s'appelait les Against All Authorities. Et dans le logo de Traaast, ces 3 A sont remplacés par les pyramides de Gizeh.

A quel public s'adresse Traaast Bijoux ?
Quand je me suis lancé l'année dernière j'ai repris un projet de joaillerie de luxe. À la base mon projet devait s'appeler Contraste Jeunesse. La directrice de Contraste trouvait mon profil intéressant et elle m'a proposé de m'occuper de la gamme pour orienter leur marque vers un public jeune. Mais je trouvais ce nom pas du tout attractif pour les jeunes. De toute façon, mes bijoux ne sont pas destinés qu'au public jeune, je m'en suis rendu compte au moment où j’ai commencé à proposer des bijoux moins chers.

Tu travailles sur quels bijoux en ce moment ?
Je suis en train de travailler sur des bijoux interchangeables. Le but c'est de proposer des bijoux à moins de 100 euros qui soient à la fois éthiques, locaux et responsables. Ce qui m'a poussé à m'orienter vers cette philosophie pour Traaast, c'est que tous nos fournisseurs avec Contraste sont à côté de notre enseigne à La Chaux-de-Fonds. Pour certaines pièces, on peut être amené à travailler avec des boîtes horlogères. Il n’y a rien de mieux que d'aller à pied chez un fournisseur, toquer chez lui et s'associer. La plupart des dimensions des bijoux que je propose ont la taille d'un cadran de montre. Denis Daumont, un des créateurs de Contraste, avait trouvé une entreprise spécialisée dans l'aluminium dans le Jura. Les mêmes designs de nos bijoux en or ou en argent peuvent être proposés en aluminium pour les gens ayant un budget réduit. Sur d'autres bijoux, on a travaillé avec des composantes en bois grave d’une autre boîte du Jura. Pour les pièces plus précieuses, or ou diamant on entre en contact avec Gérald Montés, c'est un créateur de haute joaillerie et sertisseur, c’était d'ailleurs mon professeur à l'école d'horlogerie de Morteau. C'est un peu mon sensei (1), c'est grâce à lui que je peux proposer des belles pièces. Cela requiert de l'exigence et de la maîtrise pour parvenir à être un bon artisan. Nous partageons d'ailleurs un espace mutuel avec Contraste dans son atelier à La Chaux-de-Fonds.

Comment définirais-tu les différentes gammes de la marque Traaast ?
Sans Denis et Marinette Domon, les créateurs de Contraste, l’aventure n’aurait pas été possible. Je reprends le design d’un de leur bijou que j’ai porté lors de défilés, composé d’une barrette et d’un disque. Le tout à un prix raisonnable, environ une centaine d’euros. Les deux parties étant interchangeables, le but est de proposer le plus de choix possible en termes de couleur, texture, graphisme et gravure, à l’ouverture du site internet.

Tu as l'impression de rafraîchir la page de ce que proposait Contraste ?
En quelque sorte. Aujourd'hui le monde va très vite et dans ce milieu il y a énormément de nouveautés. Maintenant on le voit dans le rap, ou même les stars de la NBA : le bling-bling est à la mode. C'est un nouveau marché, cette forme de clientèle a un rapport très différent à ça. Il n'y a plus ce côté traditionnel du bijou : une acquisition familiale qui en dit long sur le statut social et qui peut être mis surtout pour les grandes occasions. Il n'était pas fait pour être montré. Il devait durer dans le temps et se transmettre à sa descendance.
Pour te donner un exemple : les œufs de Fabergé. Il faisait des bijoux très élitistes pour les familles les plus riches de l'est de l'Europe. Aujourd’hui, le bijou est passé d'une pièce d'art à un objet que l'on porte au quotidien. Le bijou, dans certains milieux, aujourd'hui c'est une forme de crédibilité. Mais la majeure partie des clients ne sont pas assez renseignés sur les bijoux. Les mentalités changent mais la façon de procéder, pas tant que ça : Rolex qui est un des marques de montre les plus prisées n’a qu'une seule boutique dans le monde entier, leur maison mère. Tous les autres boutiques qui vendent ces montres sont des retailers.

Quelles sont les différentes étapes de fabrication de tes bijoux ?
Lors de chaque étape de la création, je suis accompagné de professionnels à chaque tournant de l'évolution de mes pièces. Au début les graphistes font la 3D. Gerald, le joaillier, m'explique ce qui est possible et ce qui n'est pas possible d'un point de vue technique. Aujourd'hui, je m'attaque aux étapes concernant la vente des bijoux. Pour rajouter de la légitimité à mon travail, il ne suffit pas d'être associer à un nom : il faut aussi et surtout faire ses preuves.

Comment est financé par Traaast ?
Pour l'instant, Traaaast c'est de l'autofinancement, je suis autoentrepreneur. Mais Contraste est toujours là pour m'aiguiller. Je suis fier que Traaast soit lié à leur nom. Je reprends d'ailleurs le même design que certains de leur bijoux en y ajoutant ma patte artistique et en me différenciant au niveau des choix de matière première. En un an de travail j'ai pu prendre le temps de faire évoluer mes prototypes. Le produit évolue encore.

Tu as d'autres activités ?
Je produis aussi de la musique. Dans un monde où tous les milieux artistiques sont liés, je pense que c'est important d'avoir un pied dans d'autres disciplines. Ça me permettra de faire des partenariats avec des acteurs de la scène musicale.

Où peut-on trouver tes pièces ?
Vous pourrez trouver quelque-unes de mes créations la bijouterie Rémy à Besançon. Les pièces seront commercialisables dès 2023.

Quelles sont les prochaines étapes de ton projet ?
Maintenant que le design est déterminé, on poursuit le graphisme des différents bijoux. Trouver d'éventuels investisseurs pour proposer des bijoux qui durent dans le temps.

Recueilli par Nasser Ferchichi