octobre 2002

Geneviève Jurgensen : «le système de contrôles s'est affaissé»

La porte-parole de la Ligue contre la violence routière se réjouit du discours actuel des autorités.
Dessin Christian Maucler

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Quel est votre avis à propos de le situation spéci-ficque de la France en matière d'accidents de la route ?
Il n'y a pas d'autre explication que l'affaissement progressif et durable depuis des décennies du système de contrôles et de sanctions. Nous avons les mêmes textes réglementaires et législatifs que nos voisins, nous avons des forces de l'ordre en grand nombre, mais la sécurité routière n'a jamais été une priorité, sauf moment exceptionnel, pour aucun premier ministre depuis Pierre Messmer. Le discours actuel n'avait jamais été entendu depuis. Mais ce n'était pas non plus une priorité pour le président Chirac quand il était premier ministre. Il s'est rendu compte ces derniers mois seulement qu'une exigence de sécurité routière est en train de naître en France.

Vous parlez de sanctions...
D'abord de contrôles puis de sanction quand une infraction est constatée. C'est cet ensemble là, les contrôles de vitesse et d'alcool avant accident, qui est extraordinairement défectueux chez nous par rapport à nos voisins.

Mais les sanctions sont plus dures en France qu'ailleurs.
C'est vrai. Les sanctions sont parfois plus dures, mais ce n'est pas la sanction encourue qui compte ; plutôt la sanction effective. Or lorsqu'on sait que plus d'un PV sur deux n'arrive pas à son terme et que les contrôles sont plus rares que chez nos voisins, on ne doit pas s'étonner d'aboutir à ces drames qui nous minent la vie.

Pensez-vous qu'il faut encore durcir les sanctions ?
Non, il ne faut pas durcir, mais rester dans le cadre d'un système répressif pédagogique. Mais autant il est normal et même sain de ne pas prendre le volant en ayant constamment à l'esprit l'éventualité d'un accident, autant il est anormal et malsain de n'avoir pas à l'esprit l'éventualité voire la probabilité d'un contrôle. Et c'est la disparition de cette éventualité dans l'esprit des conducteurs qui aboutit à un déchaînement dont on voit le résultat.

Est-ce que la Ligue milite contre la puissance des voitures ?
Aussi bien des voitures que des motos. Il faut que les jeunes sachent que les motos qui sont naturellement l'objet de leur convoitise sont tragiquement puissantes. La part des motocyclistes dans le nombre de morts a augmenté de 14 % cette année. Il faut que les motocyclistes comme les automobilistes renoncent à la vitesse. On ne s'en sortira pas sans cela. Il faut accepter que conduire et piloter soient deux choses différentes. Et le pilotage n'a pas sa place sur nos routes.

Ce qui est paradoxal par rapport à ce que l'on voit à la télévision.
Oui. La responsabilité des constructeurs et des publicitaires est extrêmement lourde. Avec la complicité des diffuseurs : par exemple, en ce moment, il est patent que le journal de 20 h de TF1 fait un effort considérable en matière de sécurité routière. A quoi servent ces efforts quand TF1, en plein Mondial de l'automobile, diffuse «Taxi 2» ? La responsabilité de la société au niveau le plus puissant et le plus privilégié est très lourde.

Sur le plan éducatif, êtes-vous favorable à une réforme du permis de conduire ?
Des jeunes qui se sont constitués en association «La route des jeunes» y sont favorables. Il n'y a pas de raison que leurs parents n'y soient pas ! Ces jeunes pensent qu'un permis probatoire peut les aider à s'intégrer sans bobos dans la circulation. C'est l'intérêt de tout le monde. Ce que je peux dire au nom de la Ligue, c'est que si la réforme du permis de conduire aboutit à écarter les jeunes de la circulation, on aura raté la réforme. Le but d'une réforme de l'apprentissage, c'est d'intégrer tout le monde sans dommages. On n'est pas en train de préparer Normale sup ou Polytechnique. On est en train de devoir intégrer dans la circulation 700 000 jeunes gens chaque année. Il faut le faire au mieux de l'intérêt commun, c'est-à-dire dans un esprit de réussite et non pas de sélection. C'est important parce que tout le système éducatif français est tourné vers la sélection et l'élimination. Le permis de conduire doit être tourné vers l'intégration, l'encadrement et l'esprit positif.

Recueilli par S.P.
Ligue contre la violence routière
violenceroutiere.fr

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Il existe des aides pour passer le permis de conduire, en fonction du statut de chacun. Le ministère de l'Economie fait le point sur celles qui sont valables sur tout le territoire : prêt 1 euros par jour, aides pour apprentis, aide pour demandeurs d'emploi, aide pour personnes en situation de handicap, utilisation du compte personnel de formation, Résumé ici. Par ailleurs, de nombreuses collectivités ont mis en place des aides locales. En ce qui concerne la Bourgogne-Franche-Comté, elles sont recensées ici.

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Permis B et CPA


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Dispositifs audio en conduisant


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Le décret n° 2015-743 du 24 juin 2015 relatif à la lutte contre l’insécurité routière précise ce qui est désormais interdit et autorisé en circulation en matière de communications à distance. 
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dispositif susceptible d’émettre du son, à l’exception des appareils électroniques correcteurs de surdité (...). Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions du présent article est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe. Cette contravention donne lieu de plein droit à la réduction de trois points du permis de conduire.»
L'amende actuelle est de 135 euros.
- En voiture, utilitaire, poids lourd :
oreillettes, bluetooth,  téléphone tenu à la main, casques audio sont interdits. Les dispositifs mains libres intégrés au véhicule avec haut-parleurs et micro intégrés, type autoradio, restent autorisés.
- A deux-roues motorisé : téléphone dans le casque, oreillettes sont interdits mais les dispositifs intégrés aux casques restent autorisés.
- A vélo : téléphone tenu à la main, oreillettes, bluetooth, casque audio sont interdits.
En résumé, tous les appareils que l'on porte dans l'oreille ou que l'on tient en main sont proscrits.

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Si le permis a été invalidé, il ne suffit pas simplement de le repasser et de réussir les épreuves. Le conducteur doit également subir un examen médical et un examen psychotechnique (aptitudes visuelles, physiques…).
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Si le permis de conduire invalidé avait plus de trois ans, seul le code est à repasser, à condition de s’y inscrire moins de neuf mois après la restitution de l’ancien permis à la préfecture.
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