décembre 2010

Justice et télé : la carpe et le lapin

Les séries ont leurs qualités spectaculaires, mais il faut avoir en tête qu'elles sont créées dans une perspective de divertissement, sans rapport avec la réalité judiciaire.

  • commentercommenter
  • envoyerenvoyer
  • imprimerimprimer
  • caractèrePLUSMOINS
Justice et séries télé font-elles bon ménage ? Apparemment oui si l'on se place du côté du petit écran. "Le Jap", "le Proc", "les Cordier juge et flic", "Avocats et associés", "Engrenages" : la floraison récente des titres montre qu'il existe un filon apprécié de l'audimat. Et du point de vue de la justice ? Selon Elisabeth Philiponet, substitut général à la cour d'appel, «ce que l'on voit à l'écran prête souvent à sourire. Mais c'est compréhensible car le propos des scénaristes n'est pas d'être fidèles à la réalité judiciaire. Concentrer une enquête judiciaire en une heure oblige à des raccourcis».
Les exigences formelles sont difficilement compatibles. Première cause, le rapport au temps. La justice doit prendre celui qu'il faut, aller à son rythme sans rien négliger. Les séries ont besoin de tenir en haleine, de vitesse, de rebondissements. «L'audition du témoin-clé de l'enquête au coin d'une rue qui va déclencher une cascade d'événements pour aboutir à la vérité en peu de temps, c'est impossible» juge Elisabeth Philiponet.
Second élément, s'il est télégénique de focaliser l'attention sur un héros central, cela n'a rien à voir avec la réalité. «Le personnage central gomme tous les autres intervenants. Si c'est un flic, les magistrats sont inexistants. Quand c'est un magistrat, on a l'impression qu'il est en permanence sur le terrain, omnipotent, ne déléguant rien et n'ayant qu'un seul dossier à gérer. Tout l'aspect procédurier est forcément banni. Cela participe de l'objectif spectaculaire du feuilleton, mais si l'on veut connaître le fonctionnement de la justice en France, il vaut mieux regarder des documentaires».
Plus graves peut-être, les erreurs de fond, «dues à l'influence des séries américaines. Il y a des confusions. On entend parler de mandat de perquisition ou de procédure accusatoire qui n'existent pas en France. Voir un procureur tancer un juge d'instruction est quelque chose d'impensable».
Au spectateur de faire la part des choses et d'avoir en tête qu'il s'agit d'impératifs de divertissement. «Tout cela n'empêche pas qu'il y a de très bonnes séries s'amuse Elisabeth Philiponet. De toute façon, je pense que l'image que l'opinion a de la justice est beaucoup plus donnée par les médias que par les séries télé». Là aussi, le spectaculaire prime : «une affaire comme celle d'Outreau a beaucoup plus d'influence que n'importe quelle série. C'est un peu dommageable si l'on parle beaucoup moins, dans le même temps, d'autres affaires du même type qui sont très bien menées. On en est encore à l'affaire du petit Grégory. Combien d'autres ont été résolues, depuis, dans les règles et avec efficacité ?».

Stéphane Paris
Retour

Commentaires

Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.

Se connecter S'inscrire

articles

express

Junior association


mai 2025
Junior association est un statut qui permet aux jeunes de 11 à 18 ans de créer leur structure pour mettre en place un projet. La démarche est souple, avec un formulaire d’habilitation disponible en ligne sur le site national juniorassociation.org. Ce dernier donne toutes les infos nécessaires pour créer et gérer ce type d’association.

Application justice


avril 2023
Le ministère de la Justice lance une application mobile justice.fr pour « simplifier la vie des justiciables pour les rapprocher de leur justice ». Ses contenus informatifs et ses fonctionnalités veulent faciliter l’accès au droit. Elle permet de :
- trouver un tribunal ou un point-justice à proximité grâce à la géolocalisation
- s’informer sur ses droits et démarches grâce à près de 8000 fiches thématiques : famille, état civil, travail, logement, consommation, commerce, entreprises en difficulté, impôts, santé, infractions routières…
- calculer ses droits (aide juridictionnelle, pension alimentaire, saisie sur salaire)
- appeler des numéros d’aide et d’orientation (30 39 – Accès au droit, 116 006 - aide aux victimes, 3039 - Violences femmes info…) 
-  accéder aux annuaires des professionnels du droit (avocats, huissiers, notaires, conciliateurs).
Ultérieurement, l’application devrait inclure de nouvelles fonctionnalités telles que demande d’extrait de casier judiciaire, demande d’aide juridictionnelle, demande de constitution de partie civile devant un tribunal correctionnel, accès à un espace personnel sécurisé pour suivre son affaire en ligne.

Droit du travail


février 2023
Numéro unique pour toute question relative au droit du travail : 0806 000 126 (prix d’un appel).

Porte ton nom


mars 2022
A la suite d’une démarche du collectif « Porte ton nom », l’Assemblée nationale a adopté une loi simplifiant la démarche permettant à tout Français de choisir son nom en adoptant celui de sa mère ou celui de son père ou les deux dans l’ordre de son choix. Désormais, il suffit d’une simple demande officielle devant l’officier d’état civil de la mairie de son domicile ou de son lieu de naissance. Aucun intérêt légitime ni obligation de publication légale payante ne sont exigés. La loi permet également au parent qui n’a pas transmis son nom de l’adjoindre à celui de son enfant mineur, avec information préalable à l’autre parent et consentement de l’enfant s’il a plus de 13 ans.

3939


avril 2021
Le 3939 (Allô service public) devient accessible aux personnes en déficience auditive. Pour rappel, ce numéro délivre des informations sur les droits, les obligations et les démarches administratives. En savoir +
Voir tout