novembre 2001

Le Réseau santé jeunes lutte contre le «mal-être» psychologique

Le suicide, en particulier chez les jeunes, est un problème de santé publique majeur en France. Un programme régional a été lancé en Franche-Comté. Premier aboutissement, un numéro vert d'écoute sera ouvert début 2002.
Dessin Christian Maucler

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Deuxième cause de mortalité chez les 15 -24 ans après les accidents de la route, le suicide, s'il n'est pas l'apanage des jeunes, est symptomatique d'un «mal-être» exprimé par ces derniers. 40000 tentatives de suicide par an chez les jeunes Français mon-rent l'étendue d'une situation dont ce geste n'est pas la seule conséquence. Moins extrêmes, conduites à risques, violence, fugues ou dépressions en sont également l'expression. Un problème de santé publique suffisamment préoccupant pour que la Franche-Comté, comme onze autres régions françaises, se soit lancé dans un programme régional de santé sur ce thème. Il en est d'abord issu une association, le Réseau santé jeunes Franche-Comté, pour l'instant hébergée au centre de guidance de Besançon, avec une permanente, Florence Rebillet, également psychologue. Les professionnels sont unanimes : la réponse à cette situation ne peut être que collective et associer tous les acteurs intervenants auprès des adolescents, professionnels de la santé mais aussi de l'école ou du champ social. Pour eux, travailler en commun ouvre plusieurs perspectives : meilleure connaissance les uns des autres, des problèmes de mal-être, de la façon de les détecter, d'y répondre, d'orienter les jeunes.
« Certains professionnels comme ceux de l'école ou les médecins généralistes sont parfois énormément sollicités mais souvent trop isolés. Cette mise en réseau peut permettre d'apporter des réponses à ce problème. Et on ne peut pas travailler seul avec un adolescent, surtout dans cette situation. Mobiliser l'entourage est nécessaire » précise Philippe Perrin, directeur de l'association. Il s'agit aussi d'intervenir et de détecter la difficulté le plus tôt possible. Certains suicides sont dus à des maladies comme la dépression ou la schizophrénie mais les deux tiers surviennent en dehors de tout trouble mental. Dans cette optique, parmi les premières actions de l'association, un numéro vert franc-comtois à l'attention des jeunes sera opérationnel au premier trimestre 2002 dans les départements du Doubs et du Jura (le numéro, pas encore connu, sera donné à l'ouverture de la ligne). « Certains gestes graves sont dus à un mal-être rencontré à une certaine période et auquel l'adolescent ne trouve pas de réponse. La tentative de suicide n'est pas l'envie de mourir, mais plutôt celle d'arrêter une souffrance dans laquelle il se trouve. Souvent il s'adresse à un ou plusieurs adultes mais pas forcément ceux qui peuvent lui répondre. Notre but est d'essayer de le sortir de ce parcours chaotique pour qu'il rencontre le bon interlocuteur. Apporter une réponse pour éviter de voir grandir une difficulté. Car une difficulté passagère comme un échec amoureux ou scolaire peut prendre des proportions importantes dans la tête d'un adolescent et l'entourage ne s'en rend pas forcément compte. S'il ne sait pas à qui s'ouvrir, à qui en parler ou qu'il ne reçoit pas de réponse, il peut se dire qu'il ne s'en sortira pas et il suffit d'un terrain favorable, d'un caractère dépressif, anxieux, de relations familiales complexes, pour provoquer une réaction qui n'est pas forcément le suicide mais aussi l'adoption de conduites addictives. Parfois, un simple accompagnement suffit à débloquer la situation, à permettre à l'adolescent de retrouver confiance en lui ». Les appels seront évidemment anonymes, et gratuits, à l'image des divers numéros verts de ce type qui peuvent exister. Proposer un relais de proximité est l'une des principales raisons de la mise en place de la ligne franc-comtoise. « On sait que les jeunes se servent de ces numéros. L'anonymat leur permet d'aller directement au fait, ce qui n'est pas forcément le cas lorsqu'ils se rendent physiquement quelque part. On nous dira qu'il existe des numéros nationaux, mais ils reçoivent 70 % de leurs appels de province. Or il est très difficile d'orienter efficacement les adolescents vers des relais que l'on ne connaît pas, dont on n'a que les coordonnées ».
Si le projet est régional, impliquant de nombreux partenaires, il est construit sur des réseaux par bassin de vie, avec des écoutants dans chaque département. En fonction de son lieu d'appel, le jeune qui composera le numéro sera automatiquement dirigé vers les écoutants de son département. Le cas échéant, ces derniers pourront immédiatement l'orienter vers un professionnel ou un organisme adéquat en fonction du questionnement, qui plus est vers un lieu qu'eux-mêmes connaissent bien. Car il ne s'agit pas de simplement donner une adresse où se rendre. « Les écoutants doivent connaître les lieux et les personnes qui accueillent. Ils doivent pouvoir décrire aux jeunes l'endroit où il va aller, ce qu'il peut en attendre, de quelle façon il sera reçu et par qui, s'il y a une secrétaire, comment elle s'appelle, si elle est blonde ou brune, s'il y a une salle d'attente, s'il y a un couloir et de quelle couleur il est, de quelle façon il sera reçu » précise Philippe Perrin. Une vingtaine de professionnels de chaque département assureront les permanences téléphoniques, « après un travail de formation car on ne s'improvise pas écoutant ». Il sera également possible de contacter le réseau par Internet, même si ce n'est pas une priorité car beaucoup moins accessible à chacun qu'un téléphone. Enfin, une ligne sera réservée aux familles et à l'entourage.

S. P.
Associations d'aide et d'écoute en Franche-Comté

Parmi les nombreux organismes présents dans la région pour aider à surmonter des difficultés d'ordre psychologiques, un «mal-être», beaucoup s'adressent aux enfants et adolescents : Adosphère : cet organisme est présent à Besançon (25 rue Charles Nodier, 03.81.81.28.20), Montbéliard (1 rue de la Schliffe, 03.81.91.72.38) et Pontarlier (03.81.46.35.72). Ecoute pour adolescents et parents d'adolescents. Les centres médico-psychologiques proposent écoutes et consultations pour enfants, adolescents et adultes : à Audincourt, 2 rue Renaud (03.81.3432.22), à Montbéliard, 40 fg de Besançon (03.81.99.37.01), à Morteau, 8 me du Collège (03.81.67.97.00), Champagnole, 10 rue du général Leclerc (03.84.52.09.96), à Lons, Espace ados, 150 rue Regard (03.84.47.01.55), 15 place de Verdun (03.84.47.10.67) et 11 avenue Aristide Briand (03.84.24.43.61), à Morez, 12 quai Jobez (03.84.33.13.91), à St-Laurent-en-Grandvaux, 19 rue de Gaulle (03.84.60.13.31), à Gray, rue de la Charité (03.84.64.78.30), à Héricourt, 25 rue Léon Jouhaux (03.84.56.70.95), à Jussey, place du Champ de foire (03.84.68.07.07), à Lure, 83 me Carnot (03.84.30.47.70), à Luxeuil, 9 rue Carnot (03.84.93.90.80), à Vesoul, 71 nie Baron-Bouvier (03.84.75.99.71), à Belfort, 1 rue Olympe de Gouge (03.84.28.27.87) Les centres de guidance infantile proposent écoute et consultations pour enfants et adolescents : à Baume-les-Dames, 2 rue de Provence (03.81.84.10.64), à Besançon, S rue Blaise Pascal (03.81.41.85.45) et 26 rue de Trey (03.81.53.48.02), à Montbéliard, 9 avenue Laon Blum (03.81.90.76.10), à Pontarlier, 71 A rue de Besançon (03.81.46.87.12), à Champagnole, centre hospitalier. 10 rue des Combattes (03.84.52.43.27), à Dole, 42 boulevard Wilson (03.84.82.59.46), à Poligny, 30 place des Déportés (03.84.37.07.55), à St-Claude, 3 avenue de Belfort (03.84.45.48.99), à Salins, 26 rue de la Liberté (03.84.73.28.44). Bureau d'aide psychologique universitaire et Centre médico psycho-pédagogique de l'académie, 22 rue Chifflet, 25042 Besançon cedex 3 (03.81.81.19.67). Consultations et suivi, le premier pour étudiants, le second pour les jeunes de moins de 20 ans. Le Jardin de vie, hôpital St-Jacques, 2 place St-Jacques, 25000 Besançon (03.81.21.82.85). La Porte ouverte, 9 rue d'Anvers, 25000 Besançon (03.81.81.03.04). Toute personne en difficulté. La Boussole, Hôtel de Ville, 58 rue Paul Mord, 70000 Vesoul (03.84.78.64.00). L'Escale, 13 rue Roger Salengro, 70000 Vesoul (03.84.76.62.62). Centre culturel et social, 4 rue de Madrid, 90000 Belfort (03.84.21.24.57). Accueille des 16 -25 ans, mardis et mercredis. Consultations de psychologie infantile, 18 bis me Gaston Defferre, 90000 Belfort (03.84.21.47.04). Point santé des Résidences, rue de Lisbonne à Belfort (03.84.57.30.30, pour les 16 - 25 ans, sur rendez-vous). Point écoute jeunes, au BU, 3 rue Jules Vallès (03.84.90.11.11, le mercredi pour les jeunes de 16 à 25 ans). Service accueil et urgences de psychiatrie, 21 avenue Jean Jaurès, 90000 Belfort (03.84.57.40.64).

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