Selon l’étude « Radio » réalisée par Médiamétrie pour le ministère de la Culture (1), depuis 2018, l’audience de la radio et le temps écouté par auditeur diminuent. Si l’écoute de ce média persiste chez les plus de 35 ans, dans leur voiture pendant leurs allers-retours au travail ; les plus jeunes se sont éloignés de ce format. Et pourtant, ce sont de grands champions dans l'écoute de contenu audio. Radio à la demande, streaming musical, livres audios, podcasts… ils consomment le son autrement. Attirés par des formats streaming qui leur offrent plus de liberté, c’est le podcast qui s’est le plus popularisé depuis la Covid-19 avec une augmentation de 52 % d’écoutes en France par an selon une étude Harris Media (2). « Le podcast a pris la place de la radio dans certains usages, mais avec des logiques totalement différentes », constate Martial Greuillet, directeur de Radio Campus Besançon. S’adressant aux étudiants, cette dernière s’est lancée pleinement dans une politique de podcasts ces dernières années. Non seulement par ses journalistes ou les étudiants qui s’impliquent à l’antenne, mais aussi par un concours régional qui rencontre un certain succès depuis 5 ans.
Un format qui évolue et qui s’adapte
Le podcast a été inventé en 2001 par Adam Curry et Dave Winer grâce à une expérience qui consistait à trouver une nouvelle façon de diffuser du contenu audio sur internet via un flux RSS. Mais il est vraiment né en 2004, d’un heureux hasard du journaliste britannique Ben Hammersley qui contracte les mots iPod et broadcast pour créer le mot-valise podcast. Ce terme désigne un nouveau format d’émission audio disponible à l’écoute n’importe où et n’importe quand. Le terme est popularisé l’année suivante lorsque Apple l’introduit dans sa nouvelle version d’iTunes. Avec le développement des téléphones portables, le format devient très populaire aux Etats-Unis. Les radios lancent des versions podcasts de leurs émissions et de plus en plus de journalistes, entrepreneurs et spécialistes lancent leur podcast natif. Depuis, le format a évolué pour s’adapter aux tendances en créant de nombreuses branches. Les formes, contenus, sujets, présentateurs… sont particulièrement variés mais on remarque tout de même des favoris. Les contenus principalement écoutés sont ceux qui abordent les sujets de société et d’actualité. Selon Martial Greuillet, « il attire une autre typologie d’auditeurs, qui veulent trouver de nombreuses informations qui correspondent à leurs attentes, que ce soit des récits qui stimulent l’imagination, du développement personnel pour se faire accompagner… C’est un média aux contenus et aux typologies diversifiées ». Il est présent aux côtés des dernières musiques les plus tendances sur les grandes plateformes musicales, mais contrairement au streaming musical il subit moins la publicité incessante. Le format est pratique : mettre sur pause, passer un moment inintéressant, stopper, il s’adapte aux envies. Il est aussi écoutable partout et n’importe quand : salle de sport, transports, activités manuelles, travail… Pour les radios, le format podcast se distingue particulièrement par sa souplesse de diffusion : sur les plateformes, mais aussi en FM, via le digital ou leurs sites respectifs. Certaines, comme Radio Campus Besançon, projettent même de se déployer sur YouTube. « Aujourd’hui, les podcasts natifs sont au même niveau que certains influenceurs. C’est un média qui touche large, qui permet de nouvelles collaborations, et qui dynamise des partenaires historiques comme les radios étudiantes ».
La génération Z (3) se décrit à 67 % comme stressée et affirme à 76 % qu’elle subit trop de pression pour résoudre les problèmes à l’échelle mondiale, selon le rapport Culture Next 2022 (4). A la recherche d’authenticité, ce format voix-écoute est plus fiable, plus sincère et instaure une atmosphère plus intime entre le créateur et son auditeur. Il parle de sujets moins abordés par les médias traditionnels comme la santé mentale ou le rapport à soi, avec un augmentation de 330 % et de 173 % de contenus liés à la santé mentale et au développement personnel. Une opportunité pour ces jeunes marqués par la Covid-19 d’avoir « un espace sûr pour analyser leurs sentiments ». Le format audio est même considéré par 63 % des générations Z interrogés comme une « ressource pour la santé mentale ».
Lola Goll
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