Qu’est-ce qui selon vous a causé l’explosion de l’écoute de podcasts ?
Roxane : Je pense que c’est l’émergence des plateformes de streaming. C’est beaucoup plus accessible aujourd’hui. Les plateformes comme Spotify, Deezer, Apple Music etc, ça a vraiment facilité l’accès aux podcasts. Et puis il y a aussi le fait qu’on se divertit moins grâce à des médias traditionnels comme la télé ou la radio. On se tourne plus vers les plateformes de streaming et les réseaux sociaux, entre autres.
Isis : Je pense que c’est le fait que pendant longtemps durant le confinement, on était vraiment tout seuls. On a essayé de trouver des informations là où on pouvait. C’est aussi la simplicité des podcasts dans le sens où tu n’es pas obligé de regarder forcément une vidéo. Tu peux mettre ton casque et faire autre chose à côté.
Comment le format podcast vous permet-il de toucher un jeune public ?
Isis : On fait partie de notre propre cible. On écoute nous-mêmes des podcasts, on voit que nos amis autour en écoutent aussi. Donc c’est un média qui nous semble naturel pour parler aux étudiants.
Roxane : Oui, et puis notre cible, c’est des gens comme nous, ça crée une forme de légitimité. Les gens peuvent se reconnaître plus facilement, parce qu’on a plus ou moins la même vie qu’eux.
Pourquoi les sujets tabous marchent-ils si bien dans les podcasts ?
Roxane : L’émergence d’internet et des réseaux sociaux fait que la parole se libère sur énormément de sujets pour notre génération, dont la santé mentale. Forcément, on retrouve ces sujets plus souvent dans les podcasts aussi. Ça va de pair.
Isis : Encore une fois, le fait qu’on ne voit pas la personne et qu’on se concentre uniquement sur la voix renforce la proximité que tu ressens envers le créateur en créant une safe place où on ne pas être jugés car on ne nous voit pas.
Les podcasts sont-ils plus adaptés pour aborder des sujets sociaux et psychologiques que d’autres médias ?
Isis : Oui, on ne se sent pas jugé, et la personne qui fait le podcast se sent plus libre d’aborder les sujets qu’elle veut.
Roxane : Oui, c’est plus spontané. Tu te poses avec ton micro, tu racontes ta vie, tu sais que beaucoup de gens pourront se reconnaître à travers toi, contrairement à une émission traditionnelle. Et puis c’est plus accessible, ça ne demande pas d’avoir des contacts ou moyens importants. Pour relater ton témoignage, c’est plus simple.
Isis : Quand Roxane et moi on enregistre le podcast, on est dans notre bulle, casque sur la tête, micro devant. C’est comme s’il n’y avait rien autour grâce à ce côté “prendre la parole” où tu dis ce que tu as besoin et envie de dire.
Le podcast vous permet-il d’aborder des aspects de la vie étudiante qui sont souvent négligés ?
Isis : Pour nous c’était l’objectif de donner la voix aux étudiants et d’essayer de parler librement de ce qu’ils veulent jusqu’où ils veulent. On voulait leur permettre de parler de choses dont on ne parle pas d’habitude et de vraiment donner la parole aux étudiants.
Roxane : Avec Coeur étudiant on parle souvent des sujets personnels qui nous concernent et auxquels les médias ne s'intéressent pas forcément comme l’adaptation à une nouvelle vie, la thérapie ou l’importance de bien s’entourer en études supérieures. On parle beaucoup de nos ressentis et de notre santé mentale, alors que les médias traditionnels vont plus se focaliser sur des faits. En soi, la santé mentale, la précarité étudiante… sont abordées d’une façon très objective dans les médias.
Isis : Les médias prennent juste un point de vue de surface sur la situation. Nous, on va peut-être plus en profondeur en expliquant nos témoignages, comment on le vit, etc.
Votre podcast est-il un moyen de porter la voix des étudiants ?
Isis et Roxane : Oui, c’est le but. En plus, puis Coeur étudiant est produit par Radio Campus, une radio associative qui a pour but de libérer la parole et de la rendre accessible pour les bénévoles et plus largement pour tous. Il y a obligatoirement cette notion de solidarité.
Recueilli par LG
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