septembre 2000

Patrice Pellerin, auteur de BD

L'auteur de L'Epervier est à l'honneur de la fête de la BD. Entretien avec l'invité de la prochaine édition de la manifestation d'Audincourt, les 7 et 8 octobre.
Patrice Pellerin, auteur de BD

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Comment êtes-vous venu à la BD ?
Contrairement à beaucoup de mes collègues, je n'en faisais pas quand j'étais enfant, j'en lisais très peu. A la maison, il y avait juste Tintin et Astérix et j'avais parfois accès à des BD comme Alix par des copains. J'ai commencé à m'intéresser plutôt à l'illustration et à la peinture classique, la Renaissance, Léonard de Vinci, Botticelli... J'ai d'abord copié des chefs d'oeuvre de grands maîtres. J'ai vraiment découvert la BD vers 15 ans, avec Blueberry qui a été un peu le déclencheur. Et puis des dessinateurs américains, Harold Foster qui a fait Tarzan et Prince Valiant, et Alex Raymond (Flash Gordon) qui ont vraiment inventé la bande dessinée dans les années 30. Comme ils étaient très inspirés par la peinture classique, j'ai vu le lien entre la peinture que j'aimais et la BD que je découvrais. A partir de là, je m'y suis intéressé, j'ai essayé d'en faire, en copiant des planches car c'est le meilleur moyen d'apprendre puis en inventant des petites histoires ou en adaptant des romans. Ensuite j'ai fait un an aux arts appliqués de Reims dans un atelier soi-disant de bande dessinée mais où j'étais le seul auteur. Après le service militaire, je suis resté un an et demi chez mes parents à me constituer un dossier, en travaillant et dessinant dans ma chambre toute la journée ! J'ai présenté mon book à des éditeurs à Paris et j'ai eu rapidement du travail. Cela s'est fait assez simplement.

Quel genre de travail ? Des commandes ?
D'abord de l'illustration. Il se trouve qu'enfant, j'aimais beaucoup les dessins historiques de Pierre Joubert. J'ai eu la chance de le rencontrer en 1977. Je lui ai montré mon travail et il m'a obtenu des rendez-vous chez des éditeurs qui recherchaient des illustrateurs de romans. Je préférais l'illustration parce que c'est un travail plus court qui permet de changer rapidement, de voir tout de suite le résultat imprimé. Un album de BD, c'est un à deux ans, c'est long et contraignant. Pendant 4 ans, j'ai fait uniquement de l'illustration, des romans et des livres d'histoire, domaine qui m'intéresse beaucoup. Cela a été très formateur. Faire des dessins historiques, très minutieux, m'a permis de trouver facilement du travail parce qu'assez peu de dessinateurs le font.

Et votre premier album ?
Au bout de 4 ans, j'ai rencontré par hasard Jean Giraud, le dessinateur de Blueberry, ce qui, pour moi, était extraordinaire. Il a regardé mes dessins, a été intéressé et m'a dit que Jean-Michel Charlier cherchait quelqu'un pour reprendre la série « Barbe-Rouge » dont le dessinateur précédent était mort. Charlier m'a proposé le travail et j'ai accepté. Je ne connaissais pas trop la série, mais elle m'intéressait pour son côté historique... Si on m'avait proposé Tanguy et Laverdure ou Buck Danny, je ne pense pas que j'aurais dit oui.

Depuis, vous avez fait la série « L'Epervier »...
J'ai fait deux Barbe-Rouge jusqu'à la mort de Jean-Michel Charlier. En parallèle, je continuais des illustrations parce que Charlier était très occupé et livrait les scénarios au compte-goutte. Comme j'avais du temps, j'ai créé une série uniquement comme scénariste, « Les Aigles décapités », avec le dessinateur Jean-Charles Kraehn. J'ai fait trois albums, pour m'essayer au scénario. A la mort de Charlier, j'ai décidé de faire une nouvelle série tout seul, scénario et dessins, et de la situer à l'époque de Barbe-Rouge. J'y avais pris goût, je m'intéressais à la période et j'avais accumulé beaucoup de documentation. J'ai eu envie de continuer dans cette veine de l'histoire maritime de corsaires en me situant vraiment de manière historique avec un gros effort de recherche.

Cette recherche vous demande-t-elle beaucoup de temps ?
C'est difficile d'évaluer, parce que les recherches se font au fur et à mesure des années, des endroits où je vais, des lectures. Au fil du temps j'ai accumulé une grosse documentation personnelle sur les bateaux et la vie maritime. Actuellement je travaille sur le 5e tome de « L'Epervier » mais en même temps je prépare déjà les prochains. Comme je fais des choses très documentées, j'ai été contacté par des historiens, des archéologues, des chercheurs qui veulent travailler avec moi parce qu'ils ont besoin de dessinateurs pour reconstituer un site. Donc j'ai un carnet d'adresses de spécialistes que je peux appeler dès que j'ai un problème. Pour le prochain album, je travaille sur la Guyane : je suis allé quatre fois sur place, je travaille sur des sites archéologiques en cours de fouille pour lesquels je fais des reconstitutions et j'utilise ce travail-là pour l'inclure dans mes albums. Faire des recherches historiques est très plaisant, ouvre d'autres horizons que la simple bande dessinée.

D'un autre côté vous vous exposez plus aux critiques qu'en travaillant sur votre imagination.
Bien sûr. Mais le problème de la BD est qu'on n'a que 48 pages pour raconter une histoire. Donc je choisis de ne pas raconter de récit «historique» où il faudrait expliquer énormément de choses sur la situation politique, l'époque, etc, plein de détails qui alourdiraient le récit. L'imagination, je la mets dans l'histoire, les personnages, les rebondissements. Mais les réalités d'époque, les formes d'objets, d'armes, les techniques de navigation sont beaucoup plus riches que ce que je pourrais inventer. Alors je fais cet effort de recherche historique dans le dessin : armement, costumes, uniformes, mobiliers, objets de la vie quotidienne, architecture, bateaux. Par exemple, ce que je vais montrer de la Guyane n'a jamais été montré : il y a des textes mais aucun dessin, aucun tableau. C'est ce qui fait plaisir aux spécialistes : ils savent que les bateaux que je dessine ont existé et ils vont les voir représentés pour la première fois. Pour moi, c'est un énorme plaisir de remonter dans le temps, d'être le plus près possible de la réalité d'une époque. Il m'amuse de montrer des choses que personne n'a vus, des lieux que personne ne connaît. Il y a des endroits, des forts en Bretagne que j'ai fait découvrir à plein de gens. A mon étonnement, parce que pour moi c'est un manque de curiosité incroyable ! Et des conservateurs me contactent pour faire des aménagements de musée comme cela va être le cas au fort de Camaret ou au château du Taureau dans la baie de Morlaix. Pour moi c'est un cadeau supplémentaire qui va au-delà de la BD parce que je fais ça par plaisir et par passion.

Recueilli par S.P.
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