janvier 2020

Deuxième chance pour les mineurs délinquants

Loin de l’image fantasmée, très peu des mineurs dits « délinquants » se trouvent en prison ou dans des centres fermés : plus de la moitié d’entre eux sont en milieu « ouvert ». Dans la région, plusieurs établissements de la Protection judiciaire de la jeunesse les accueillent, tout en aidant aussi ceux mis en danger dans leur propre environnement. Nous avons poussé les portes des unités éducatives d’activités de jour (UEAJ) de Besançon et Dijon.
Dessin Christian Maucler

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« Ici, on nous parle normalement. » Bertrand*, 17 ans, est arrivé à l’UEAJ de Dijon il y a deux semaines. Il s’est fait « attraper » parce qu’il rentrait, avec des amis, dans des bâtiments inhabités ou chez des gens. Il a également volé une voiture, et conduit sans permis. Le juge l’a orienté vers la structure dijonnaise, où il doit se rendre chaque jour, un peu comme au lycée. « Quand ils commencent à venir tous les jours, c’est déjà gagné », affirme Émilie Moret, éducatrice dans cette UEAJ. Certains, comme Lucas*, 16 ans, viennent pendant des mois. D’autres ne se montrent qu’une fois, puis s’évaporent. « Souvent, on appelle leurs parents, ou on va carrément les chercher chez eux », rapporte Émilie Viry-Durand, elle aussi éducatrice, à l’UEAJ de Besançon.

« On a besoin d’être encadrés »

Les journées se découpent au rythme des différentes activités que proposent les unités. Cuisine, menuiserie, musique, sport, arts plastiques, maçonnerie… Sans oublier les bases académiques, « mais jamais sous un biais scolaire », insiste Émilie à Dijon. « Le cadre scolaire ne nous convient pas », reconnaît Lucas, qui affirme qu’il ne supporterait pas de retourner à l’école. Les maths peuvent ainsi passer par une recette de cuisine, note Émilie Viry-Durand, l’histoire par une sortie au musée, le droit par le théâtre… Les activités ne sont pas à la carte, même si quelques aménagements, surtout dans les premiers temps, peuvent permettre de gagner la confiance des jeunes. Mais l’UEAJ est aussi là pour leur redonner une certaine rigueur. Celle des horaires par exemple, mais aussi celle de l’hygiène et de la sécurité, dans leur restaurant pédagogique à Dijon, où ils enfilent les costumes de chefs ou de serveurs. « On a besoin d’être encadrés », confirme Lucas.

Objectif réinsertion

« Le but est de leur remettre le pied à l’étrier, leur redonner le goût d’apprendre », résume Jean-Philippe Michaud, directeur territorial de la PJJ en Côte d’Or et Saône-et-Loire. Certains pourront retrouver les bancs de l’école, d’autres décrocher une formation. « Notre objectif n’est pas que les jeunes restent chez nous, rappelle Émilie Viry-Durand, nous servons juste de sas de préparation. » Bertrand espère vite recommencer un apprentissage, dans la maçonnerie ou le carrelage. Si besoin, l’UEAJ dispose d’un réseau d’entreprises, prêtes à accueillir ses protégés. Le truc de Lucas, en revanche, c’est la musique ; avec son éducateur référent, il a déjà composé et enregistré certains textes, et effectuera bientôt des stages dans ce domaine.
« Quand on est ici, on n’est pas chez nous, ou avec nos amis, où nous sommes tentés de faire des bêtises », remarque Bertrand. « C’est un peu notre dernière chance », sourit de son côté Lucas.

Camille Jourdan



* Les prénoms ont été modifiés

PJJ
La Protection judiciaire de la jeunesse est un service de l’État chargé de «l’action éducative dans le cadre pénal». Elle accompagne les mineurs en conflit avec la loi, mais mène aussi des enquêtes et protège les enfants qui risquent d’être mis en danger dans leur propre famille.
En 2018 en Bourgogne-Franche-Comté, la PJJ a suivi 5 273 mineurs, dont 2 950 en milieu ouvert. La région dispose de 96 places dans des unités éducatives d’activités de jour (UEAJ).

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