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Steam (1) est révélateur : elle montre que le domaine des jeux vidéos laisse encore sa place à l’autodidactisme. On peut y découvrir des jeux élaborés par des mateurs et des passionnés. La maîtrise technique est nécessaire, mais créativité et inventivité ont une importance équivalente. Sylvain Grosdemouge, créateur de la société
Shine, studio de développement de jeux basé à côté de Besançon, l’assure,
« on cherche encore des profils autodidactes. Pas sûr qu’on y gagnerait à ne recruter que des ingénieurs ». L’une des sorties imminentes accompagnées par Shine s’appelle Rooftops & Alleys, créé par un Allemand, Michaël Losch.
« A la base, il est DJ ! Il a eu cette idée de jeu et il s’est autoformé pour le publier sur Steam ». Pour un développement très professionnel, il a besoin d’être appuyé, mais son jeu est déjà opérationnel et reconnu.
« Avec le matériel actuel qui offre de plus en plus de possibilités, on voit des gamins qui font des jeux de bonne qualité » confirme Sylvain Grosdemouge. Son critère numéro un quand il recrute ? Le savoir-être.
« Je privilégie les qualités humaines, quitte à apporter ultérieurement les éléments techniques qui pourraient manquer. De toute façon, c’est un travail collectif et on ne fait pas un beau jeu si on n’embarque pas toute une équipe. Par rapport à ça, ici, on privilégie l’entraide et l’idée de se former les uns les autres ». L’évolution très rapide des technologies et la mise à niveau permanente qu’elle implique plaident en ce sens.
Travail d'équipe, culture du jeu, connaiisance de l'anglais
Outre les connaissances techniques, Aymeric Lamboley, créateur de la société Da Viking Code à Dijon, confirme ces autres qualités nécessaires :
« savoir travailler en équipe, savoir faire des projets, savoir s’organiser ». Aymeric Lamboley est passé par plusieurs formations (
voir article), mais pour lui aussi, c’est la passion qui a guidé l’orientation :
« Je suis arrivé dans ce secteur d’activité par intérêt comme beaucoup de jeunes qui jouent. Quand on a un peu de compétences en développement informatique, on se dit à un moment que plutôt que de jouer, ce serait bien de faire des jeux ».
Cela étant, si Steam révèle des projets menés à un ou deux, développer et commercialiser complètement un jeu vidéo passe par les compétences de nombreux professionnels. On parle de graphiste, de programmeur ou de développeur, mais on connaît peut-être moins designer sonore, rigger ou testeur. Un jeu est le résultat d’un alliage d’artistique et de technique. Le point commun : être gamer et connaître l’univers des jeux. Il faut une connaissance du secteur,
« il faut soi-même jouer pour savoir de quoi on parle » insiste l’Onisep dans son
guide sur les métiers des jeux vidéo, en ajoutant que la connaissance de l’informatique est également nécessaire dans presque tous les métiers concernés. L’anglais est un troisième élément indispensable.
Forte concurrence
Un minimum de qualification est donc recommandé. D’autant que les possibilités offertes, dans un marché concurrentiel mondial, sont à double tranchant :
« C’est un peu le même problème que pour la musique ou le cinéma décrit Aymeric Lamboley.
Avec les outils d’aujourd’hui, il est facile de créer et de diffuser avec des perspectives très ouvertes, mais à tel point qu’on risque fortement d’être invisible. »
Autre problème collatéral, le poids économique grandissant du secteur a généré la naissance d’écoles spécialisés, dont certaines ont des coûts d’inscription très élevés (il n’y a qu’une école publique en France). Elles sont désormais pléthore. Aymeric Lamboley confirme. «
A une époque récente, il n’y avait pas d’école de jeux vidéo. Aujourd’hui, on en voit fleurir, mais il faut faire attention aux débouché. Actuellement, je pense qu’il y a plus de demande que d’offre. Je ne dis pas que les écoles ne servent à rien, mais je pense que ça reste un métier « passion » et qu’il faut se souvenir que ce n’est pas forcément toujours très rémunéré ».
Selon lui, une école bien choisie peut apporter des compétences,
« mais quand on sort d’une école, on a un portfolio qui comporte surtout des projets collectifs. En parallèle, il faut penser à élaborer des projets personnels. Quand je recrute, c’est ce que je regarde. Je ne voulais pas forcément créer une entreprise. Quand j’ai commencé, c’était un peu par hasard parce que mes projets perso m’ont amené mes premiers clients ! »
Devant l’éclosion récente des écoles spécialisées, Sylvain Grosdemouge recommande lui aussi aux étudiants de bien se renseigner.
« Je ne donnerai pas de nom, mais il y en a que je ne conseillerais pas... » Il y a 10 ans, le syndicat national du jeu vidéo a créé un réseau des formations (2). Parmi ses objectifs, améliorer la situation dans le secteur et communiquer sur les formations sérieuses auprès du grand public. S’adresser à celles qui font partie du réseau est déjà un premier élément d’orientation.
S.P.
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