novembre 2025

Manu équilibré

Manu Payet se sent à un âge serein. Ce qui ne l’empêche pas de décrire avec beaucoup d’humour l’éloignement de la jeunesse ou les distorsions générationnelles. En tournée avec son 4e stand up, Emmanuel 2, il passe au Zénith de Dijon le 12 décembre.
Photo Yves Petit

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Ce spectacle parle de l’idée de prendre de l’âge et de jeunesse avec des références à la jeunesse d’une autre époque. Peut-il parler à celle d’aujourd’hui ?
Oui, ça parle aux jeunes. Il y a souvent des ados qui viennent me voir pour me dire qu’ils n’ont pas toutes les "refs" du spectacle, mais je leur explique. C’est beaucoup de second degré envers moi-même, donc on n’a pas forcément besoin de connaître. Et le spectacle parle aussi d’être parent. On a tous la "ref" de nos parents. Les jeunes me disent qu’ils aimeraient avoir des parents comme moi, ça a l’air plus drôle ! Mais il faut comprendre qu’on n’a pas eu de formation pour devenir parent. C’est tout à coup un CDI et tu dois faire en partie avec ce que t’ont légué tes propres parents. Je le vois avec humour, mais ce n’est pas toujours évident.

Devenir parent permet de mieux comprendre vos parents ?
On comprend que ce n’est pas évident. Je n’ai pas été formé à ça, mais mes parents non plus et ça permet de relativiser sur ce qu’on a pu vivre. Et à mon avis, c’est plus facile d’être parent aujourd’hui.

« Je me vois vieillir, c’est pas très agréable, c’est la pente descendante » dites-vous dans le spectacle. Vraiment ?
Non ! J’ai la chance d’être arrivé à cet âge-là, dans lequel je me préfère. Je suis plus apaisé, je vis moins de trucs aussi, je sors moins et j’ai moins l’impression que je vais rater quelque chose. Mais parfois, je regrette : l’autre jour, je ne suis pas allé à un concert avec un pote qui m’a dit ensuite « ils ont joué 3 heures » ! Finalement, je ne vois pas l'âge comme une pente, mais comme un chemin. Ça me fait aussi un peu rire de savoir que je vais avoir 50 ans. Moi ! Ils le donnent à beaucoup de monde !

Petit retour en arrière. Où étiez-vous, que faisiez-vous à 20 ans ?
J’étais à la Réunion. Je commençais la radio à NRJ. C’était pas mal.

Est-ce que vous aviez déjà en tête ce que vous vouliez faire ?
Le spectacle a toujours été un rêve. Je l’ai toujours dit à mes parents, depuis tout petit. Peut-être parce qu’ils n’étaient pas marrants, ma mère surtout. (Il rit) Là, elle a pris un tacle gratuit… Non, mais j’avais envie de divertir sans savoir comment ni sous quelle forme, peut-être de la musique, du rock. La radio a été une escale importante, un exercice qui m’a appris à bien m’exprimer, à perdre mon accent, à modeler la voix, le débit.

Aujourd’hui vous avez plusieurs casquettes : comédien, humoriste, réalisateur. Avez-vous une préférence ?
J’aime bien alterner. Surtout, je n’aime pas ne rien faire, même si je suis plutôt paresseux ! Je culpabilise vite. J’ai une angoisse du vide, même en vacances. Mais observer, réfléchir, c’est déjà travailler. Cuisiner pour ma famille, c’est un peu bosser.

Nirvana, Mano Negra, Dire Straits, Pete Doherty, Cabrel, Lavilliers… On peut faire une belle playlist avec les noms mentionnés dans le spectacle. Qu’écoutez-vous aujourd’hui ?
Toujours essentiellement du rock indé. Mais je suis très curieux, alors il peut m’arriver d’écouter du rap français actuel et d’essayer de savoir pourquoi les jeunes trouvent ça bien. L’autre jour, je suis tombé sur un morceau de jazz que j’ai beaucoup aimé, alors que je ne suis pas du tout jazz. C’est ça (il cherche sur son smartphone et fait écouter Kofi par Donald Byrd). Ça fait musique de ciné, peut-être film d’espionnage, un truc des années 60 avec Robert Redford. Ça me rappelle Les 3 jours du condor et cette veste qu'il porte au début, classe, j'aimerais bien la même... Voilà, tu mets le casque et tu mets ça quand tu es dans le métro et tout de suite, tu es dans une autre ambiance, le métro est moins sale, c’est un autre délire !

Auriez-vous un conseil à donner aux jeunes qui rêvent de faire comme vous ?
Si vous voulez faire du spectacle pour être connu, faites autre chose. Les gens qui viennent voir un spectacle paient leur entrée, font le trajet, doivent trouver une place où se garer : tu ne peux pas leur faire payer si ta motivation est juste d’être connu. Est-ce que tu as du culot ou du talent ? Il faut réunir les deux. Ce n’est pas parce qu’on fait rire ses amis qu’il faut penser que ce n’est pas compliqué de faire une blague. Devant le public, c’est autre chose. Avant de faire rire, il faut réfléchir, écrire, raturer, recommencer, douter. C’est ça qu’on applaudit. Un mélange de culot, de talent et de travail.

Recueilli par S.P.
Emmanuel 2
Spectacle  le 12 décembre à 20 h au Zénith de Dijon.
ngproductions.fr

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