L’édition 2025 se place sur le même format renouvelé de 2024. Cela signifie qu’il a donné satisfaction ?
Il a pleinement donné satisfaction à différents niveaux. On a revu la formule avec moins de « gros » artistes et la volonté d’offrir un espace propice à la découverte. On veut plutôt essayer de faire des belles surprises au public. Il y a le reste de l’année pour proposer des valeurs sûres et des têtes d’affiche. On a également revu l’espace festivalier en le recentrant autour du bâtiment de la Rodia, et l’idée que la grande scène, c’est la Rodia. Mais on garde d’autres scènes, sinon ça n’a pas de sens par rapport à ce qu’on fait le reste de l’année, avec une expérience festivalière conviviale basée sur deux bals montés et le Bezac Soundsystem sous la terrasse. On propose deux soirées avec environ 2000 personnes par jour, c’est ue dimension plus conforme.
L’édition 2024 a plu ?
On n’a pas fait d’étude, mais on a eu d’excellents retours, notamment sur les réseaux sociaux. Mais elle avait été pensée à travers une concertation regroupant une centaine de personnes dont des gens du public. Pour certains, c’était la meilleure mouture, la plus conviviale ; pour d’autres, cela manquait de grosses tête d’affiche, mais pour cela, on donne rendez-vous durant la saison. On a eu MC Solaar, les Libertines, l’an dernier, cette année, Feu Chatterton ! Par exemple. Dans l’ensemble, cela nous conforte dans l’idée qu’on est sur la bonne voie. Il faut préciser que l’environnement et l’évolution économiques du monde de la musique rendent cette formule salvatrice pour le festival et la Rodia. Il y a des catégories d’artistes qu’on a pu faire venir dans le passé et qu’on ne pourrait plus aujourd’hui sans augmenter le tarif d’entrée. On a choisi de rester à 50 euros en plein tarif pour 2 jours, ce qui reste accessible. C’est une soirée de festival au prix d’un concert.
La Rodia a plutôt une image rock. Constatez-vous comme ailleurs que les jeunes sont moins attirés par ce style ?
Oui, on les touche durant l’année sur d’autres esthétiques avec des logiques « communautaires » comme l’electro, le rap, la chanson. Comme les jeunes viennent en festival, l’idée est aussi d’en profiter pour leur faire découvrir d’autres styles. On a volontairement diminué sur le rap parce qu’il y a la proximité de Golden Coast à Dijon, dont la programmation est spécialement dédiée au rap. Mais on a des artistes comme Miki, Eloi, Feldup qui parlent aux jeunes générations. On espère que ceux qui viennent voir Miki découvriront peut-être au passage Bryan’s Magic Tears ou d’autres artistes « rock indé », qui reste le coeur de la ligne artistique de la Rodia.
Il y a également une insistance sur la scène locale.
Oui, on veut que ce festival s’appuie sur les forces vives locales. On consacre une grande partie de la programmation aux artistes d’ici, on travaille avec des associations locales, musicales ou autre à l’image du collectif de danseuses de La Meute. On ne veut pas un festival hors sol.
Détonation conserve sa date de fin d’été, début de rentrée, lancement de saison. Elle vous satisfait ?
Oui, on est content de cette date, même si c’est compliqué pour l’équipe de démarrer la saison avec un gros événement. Mais elle est bien calibrée. Détonation est aussi en partie une vitrine de la saison, avec des références à des éléments auxquels on tient : par exemple la dimension inclusive avec le concert de Malik Djoudi accompagné en chansigne, pour les sourds et malentendants. Ou encore la présence féminine, que l’on soutient à travers des événements tels que Musiciennes à Besançon ou Les Femmes s’en mêlent. A Détonation, on approche 50 % d’artistes féminines, alors que la présence des femmes sur les scènes musicales est en moyenne plutôt de l’ordre des 15 %.
Il y a par ailleurs un focus irlandais. C’était une opportunité ?
Déjà l’an dernier, il y avait quelque chose autour du Congo. Et là, Tico, notre programmateur, m’a signalé plusieurs groupes irlandais intéressants à faire venir. On s’est dit pourquoi pas faire une thématique chaque année. On a construit ce focus avec Kevin Twomey, le plus franc-comtois des Irlandais et Cutlture Ireland, qui nous soutient et nous a permis de présenter Détonation au centre culturel irlandais de Paris. Il y aura une ou deux animations autour, mais ce ne sera pas non plus la St-Patrick ! Yard, Lullahush, Really Good Time et Otuama donneront un aperçu de ce qui se fait actuellement en Irlande.
Recueilli par SP
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