septembre 1997

Quand l'eau devient source d'emploi

Secteur dans lequel les spécialités sont multiples, l'eau est le principal pourvoyeur d'emplois de l'environnement. Mais attention à la prolifération des formations.

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L'eau du robinet ne coule pas de source. Captée, canalisée, transportée et distribuée, traitée et surveillée, elle mobilise en France quelque 175 000 personnes, dont 57000 s'occupent de l'assainissement et de l'épuration. Elément vital, elle fait l'objet d'une observation de plus en plus étroite, renforcée par des directives, notamment européennes, toujours plus exigeantes. Par exemple, la composition des eaux courantes n'est régulièrement mesurée, en France, que depuis 1971. Et comme les préoccupations environnementales et celles liées à la pollution sont à l'ordre du jour, l'eau devrait générer un surplus d'activité dans les temps à venir.
Le secteur représente actuellement près de la moitié des offres d'emploi liées à l'environnement. Les eaux usées semblent à elles seules un secteur porteur. Des 15000 emplois permanents que les spécialistes estiment devoir être créés dans les années à venir dans le secteur de l'eau, 80 % concernent le traitement des eaux usées. Profils principalement concernés, les techniciens et ingénieurs spécialisés. Dans l'ensemble, les besoins des collectivités locales en spécialistes devraient augmenter, étant entendu que les emplois de l'environnement restent très sensibles à la conjoncture économique et que l'offre a toutes chances d'être très vite saturée. Malgré tout, il est estimé que des créations d'emploi dans le secteur auront encore lieu dans les prochaines années. D'après l'Office international de l'eau, le secteur recruterait jusqu'en 2015.
Mais, comme dans tout ce qui concerne l'environnement, il faut se garder d'être trop optimiste quant au nombre d'emplois. D'abord parce que ce nombre est conditionné par l'argent que les pouvoirs publics voudront bien y mettre. Ensuite parce que « même si c'est un domaine où il y a beaucoup d'investissement, il n'y a pas forcément de relation directe avec l'emploi » souligne M. Neveu, directeur du Centre national de formation aux métiers de l'eau, basé à Limoges. « On voit par exemple émerger, ajoute-t-il, différents services dans l'environnement et dans ce qu'on appelle emplois verts. Mais ils n'ont pas de caractère de pérennité et sont souvent proposés à des jeunes en difficultés, à travers des chantiers d'insertion ».

Trop de formation initiale

Certes, les vrais emplois de l'environnement existent et beaucoup sont plus ou moins concernés par l'eau (les éco-conseillers chargés de concevoir des actions de développement durable, les spécialistes de prévention et réduction des pollutions, ceux de la gestion des ressources), mais leur quantité reste faible. L'eau concerne cependant d'autres spécialités plus traditionnelles, allant de ceux qui l'étudient, les chercheurs, hydrologues (spécialiste des eaux de surface), hydrogéologues (eaux souterraines) ou autres hydrobiologistes (surveillance de la qualité de l'eau) à ceux qui s'en occupent dans les différentes stations d'épuration et usines de traitement.
Les formations, du CAP au 3e cycle supérieur correspondent à cette diversité, leurs intitulés étant très nombreux. Peut-être même un peu trop. « C'est vrai qu'il y a trop de formations initiales admet M. Neveu. Chaque région a voulu faire les siennes, sans coordination. Entre l'Education nationale et l'Agriculture, il existe par exemple environ 25 classes de BTS dans les métiers de l'eau. On arrive donc à 500 élèves de ce niveau çhaque année, ce qui est trop élevé ».
Les formations BTS ne sont d'ailleurs pas forcément la panacée. A Dole, le lycée professionnel Duhamel a créé depuis 2 ans un CAP d'agent de la qualité de l'eau, dont les résultats s'avèrent pour l'instant positifs :« La première promotion était constituée en majorité de garçons dont beaucoup effectuent en ce moment leur service militaire, mais nous avons des offres pour eux même après le service assure Sylviane Perron, proviseure du lycée. Une entreprise nous a même déjà dit avoir une offre d'emploi pour les stagiaires en formation cette année. En tous cas, les entreprises n'ont pas forcément besoin de gens qui ont un BTS. Nos élèves en formation complémentaire sont par exemple parfaitement capables de gérer une station d'épuration. » Autre signe encourageant, les élèves du lycée trouvent facilement des lieux de stage, dans toute la France.

Stéphane Paris
En photo
Station d'épuration de Port-Douvot (Besançon). L'assainissement et l'épuration occupent 57000 personnes en France.



Le secteur de l'eau en France
En France, environ 90000 personnes sont occupées par l'assainis-sement, l'épuration et la mobilisation de la res-source en eau. La plu-part des créations d'emplois se font dans le secteur du traitement des eaux usées. Dans l'ensemble des métiers de l'eau, il exis-te quatre types d'employeurs principaux : les administration, agences de bassin et agences de l'eau, les compagnies de traite-ment et de distribution, les régies des grandes villes et les bureaux d'études et installa-teurs.
Les emplois liés à l'eau concernent des ingé-nieurs et cadres de niveau bac+5 (5 %), des techniciens supervi-seurs bac+2 (15 %) et 80 % d'opérateurs, parmi lesquels les 2/3 sont des techniciens et les autres des employés de bureau. Bien évidemment, les salaires sont aussi dis-parates que ces diffé-rents statuts. Pour un technicien en traitement des eaux, 130 000 F par an maximum en début de carrière ; pour un ingénieur, de 120 000 à 180 000 F. Source : fiche Actuel.CIDJ N°2.8792.

Assainissement : en mutation
Service public permanent (il fonctionne 365 jours par an et 24 h/24), l'assainissement de l'eau implique des emplois avec astreintes. Depuis une décennie, ces emplois sont pris de l'importance et ne consistent plus seulement à vérifier que les installations d'épuration fonctionnent. Contrôler les résultats et la conformité de la qualité de l'eau, conduire et optimiser le rendement d'une installation font désormais partie des tâches des techniciens, agents d'exploitation et ouvriers qualifiés travaillant dans l'assainissement. Ils peuvent aussi être amenés à améliorer le fonctionnement d'une chaîne de traitement ou réaliser des enquêtes sur le réseau d'assainissement. Les possibilités d'emplois existent de façon constante, en quantité limitée cependant, sans négliger les besoins à l'étranger et notamment en Europe de l'est où la demande en termes de transferts de technologie est importante. Diplômes permettant d'accéder à un emploi dans l'assainissement : CAP agent de la qualité de l'eau, BEP traitement des eaux et industrie chimique, BTS métiers de l'eau et BTSA gestion de l'environnement et métiers de l'eau.

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