août 2025

Santé mentale : « le podcast, un espace sécurisant »

Deux étudiantes bisontines proposent une parole incarnée loin des approches distantes en mêlant témoignages et discours d’experts.
Photo Laurent Cheviet

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Depuis leur premier épisode, Emma Campy et Barbara Toscano n’ont qu’un objectif : ouvrir la discussion. Étudiantes et podcasteuses, elles ont choisi la santé mentale comme terrain de réflexion et d’engagement : « c'est venu assez spontanément du fait que c'est la grande cause nationale ». Un sujet qu’elles abordent à travers un format qu’elles trouvent « plus intime, libre et flexible », et surtout plus adapté aux réalités vécues par leur génération.
Leur podcast, elles l’ont conçu comme un espace sécurisant. Un lieu sonore, sans image, où il devient plus facile de dire. « On n’a pas à se soucier de notre image », explique l’une. « On crée une bulle avec les invités. On est plus à l’aise et on est plus à même de parler. C'est ça qui est génial avec le podcast, même avec la radio tout court. Dès qu’on est lancées, il n'y a plus de stress. Desfois, on oublierait qu'on est en direct ou qu’on est invités. » Cet aspect intimiste a permis aux deux animatrices d’aborder des sujets parfois absents des médias traditionnels, ou traités de manière froide. La santé mentale, dont traite leur podcast, est souvent évoquée à travers des chiffres, moins à travers les récits de celles et ceux qui la vivent. Pour elles, les deux approches sont complémentaires : « On a besoin des chiffres et de récits de chercheurs pour se rendre compte d’un phénomène, mais on a aussi besoin de savoir ce que c’est concrètement. La santé mentale, c'est tellement varié, ça touche quasiment tout le monde de manière différente. A la télévision, même s' il y a eu une évolution, on en parle de manière très factuelle voir dépersonnalisée ».

Des récits qui résonnent


Leur série de podcasts a permis de mettre en lumière différentes facettes de la santé mentale : celle des étudiants, des femmes, ou encore le lien entre féminisme et souffrance psychique. Elles racontent avoir découvert, en préparant un épisode, le concept de psychiatrie citoyenne à Besançon ou encore les racines étymologiques du mot « hystérie ». « Il y a pleins de choses dont on n'avait pas conscience et c'est en faisant le podcast qu'on en a appris plus sur le sujet », dit l’une d’elles, en parlant de cette recherche d’informations et de sources indispensables au podcast. Ces épisodes, à la fois documentés et ancrés dans le vécu, ont trouvé un écho au-delà de leurs recherches. Certains leur ont dit que le podcast avait déclenché des réflexions, d’autres qu’il leur avait permis de mettre des mots sur leurs expériences. C’est précisément ce qu’elles espéraient : « Le but, c’était vraiment d’ouvrir la discussion ». Pour elles, le podcast est un outil de médiactivisme, une manière de se réapproprier la parole, de proposer un autre discours issu du vécu. « Le podcast permet de toucher une autre manière de se cultiver en tant que producteur et auditeur ». Pas besoin d’être journaliste pour produire un contenu légitime : « Tout le monde a quelque chose à raconter. »

Une proximité à double tranchant

Conscientes des dérives possibles, elles reconnaissent que le podcast, malgré son apparente simplicité, s’inscrit dans des logiques issues des réseaux sociaux. L’une des plus marquantes est la relation parasociale. A force d’écouter une voix régulièrement, les auditeurs peuvent avoir le sentiment de créer un lien personnel avec la personne derrière le micro. L’une d’elles confie : « Je comprends qu’il y ait des gens qui aient l’impression de connaître le podcasteur, vu qu'ils te racontent toute leur vie. J’imagine, que si un jour tu la croises, tu peux lui parler comme tu le ferais avec une amie, alors qu'elle, en fait, ne te connaît pas ». Une proximité à sens unique, renforcée par le ton intime du podcast, mais qui peut parfois brouiller les repères. Phénomène dangereux lorsque les podcasts abordent le thème de la santé mentale. « Je pense que ça peut avoir un impact sur la jeunesse, avant la télévision mettait une distance. Mais là, notre génération fait beaucoup tomber ces distances. On touche à l'intime constamment ». Malgré ses limites, Emma et Barbara défendent le podcast comme un format encore souple et direct, qui leur permet de traiter des sujets comme la santé mentale avec authenticité. « Moins codé que la télévision », il reste selon elles un terrain propice pour libérer la parole.

Lola Goll
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campusbesancon.fr

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