avril 2018

«Une expérience qu’il faut vivre»

Chaque année, plus d’une centaine de jeunes francs-comtois effectuent un stage professionnel à l’étranger dans le cadre des dispositifs régionaux "Stages monde" ou "Eurodyssée". Maéva Mortemousque, Montbéliardaise de 21 ans, est partie en Corée pour un "stage monde" qui lui permet de compléter sa licence Sciences de l’éducation. Elle y est encore.
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Pourquoi avez-vous souhaité faire un stage à l'étranger ?
Après un bac L spécialité théâtre, j'ai été accepté en Deust Théâtre à Aix-en-Provence. En deuxième année, j'ai eu la chance de donner des cours de théâtre dans une école élémentaire et c'est à ce moment là que j'ai découvert mon goût pour l'enseignement. Après avoir été diplômé, j'ai donc décidé de me réorienter en licence Sciences de l'éducation. J'ai pu aller directement en 3e année de licence à l'Université de Nancy où j'ai obtenu mon diplôme.
Lors des ma première année d'étude à Aix-en-Provence, j'ai rencontré des Coréens qui m'ont fait découvrir leur culture et m'ont rendue curieuse à propos de ce pays discret et pourtant connu par les géants Samsung et Hyundai ainsi que par la chanson "Gangnam Style" de Psy. J'ai également étudié le Coréen pendant 6 mois à l'Université. Je connaissais déjà ce pays mais je ne m'étais jamais vraiment intéressée de près à sa culture, seulement à travers les "dramas" et la musique. En troisième année de licence, je me suis interrogée sur la question de l'éducation en Corée du Sud, très différente de la France. Je voulais comprendre pourquoi la France n'était pas très bien classée dans les résultats scolaires chez les élèves du cours élémentaire alors que la Corée se trouve en haut du classement. Je connaissais la pression sociale que les enfants peuvent subir durant leur scolarité mais je voulais savoir si les méthodes étaient si différentes des nôtres.

Comment avez-vous trouvé votre stage ? Les démarches ont-elles été simples ?
J'ai la chance d'avoir un ami dont la maman est directrice d'une école élémentaire à Seoul et je l'ai donc contacté pour savoir s’il était possible d'effectuer un stage dans cette école entre ma licence et mon master. Elle m'a donné une réponse favorable et j'ai commencé à chercher des organismes qui pourraient m'aider à soutenir ce projet. Les démarches n'étaient pas difficiles mais assez longues. Il fallait que la directrice ait l'accord des parents et de plusieurs organismes pour qu'une étrangère se présente dans une école élémentaire coréenne.

En quoi consistait le stage ?
En soi, mon stage s'est composé en deux parties. Dans un premier temps, j'ai pu observer la vie de classe, la vie des élèves à l'école... C'était une première étape très importante et très intéressante pour comprendre l'environnement dans lequel je me trouvais. Dans un deuxième temps, j'ai pu initier les élèves à la culture française à travers des petits cours sur différents thèmes (la nourriture, l'environnement, se présenter en français, l'école...).

Comment est la vie sur place ?
Totalement différente de la vie en France. C'est un autre mode de vie. Le respect envers les aînés est très important, parfois même excessif. La sécurité ici est presque déconcertante. Les étudiants laissent leur téléphone, leur ordinateur sur la table d'un café, partent faire une lessive et reviennent 1h plus tard et retrouvent leurs affaires. Les enfants rentrent seuls après l'école, à pied ou en bus (mais accompagnés d'un téléphone portable dès l'âge de 6 ans parfois). J'ai pu me promener dans la rue à des heures tardives sans avoir peur de me faire embêter, siffler ou aborder. Il y a 2 types de Coréens : les curieux et les conservateurs. Les personnes d'un certain âge ont tendance à rester encore un peu sur leurs gardes sur la venue des étrangers dans leur pays. Et lorsqu’ils sont un peu curieux sur notre nationalité et que l'on pousse la discussion, on se rend compte que pour beaucoup, ils accepteraient que leurs enfants aient une relation avec un ou une étranger mais que ça ne doit pas aller jusqu'au mariage. Les Coréens curieux sont plutôt ceux qui sont jeunes, souvent des étudiants, qui veulent pratiquer l'anglais ou juste discuter.
Le coût de la vie est similaire à celui de la France. Cependant, en Corée du Sud, le loyer est excessif surtout la caution (qui peut s'élever jusqu'à 3000 € pour les plus chères, même si la caution est redonnée à la fin, il faut pouvoir donner 3000 € d'un coup). Plus la caution est chère, moins le loyer l'est. La nourriture elle, n'est pas très chère, il est possible de manger dans un restaurant midi et soir pour presque rien (autour de 5€). En revanche, les fruits sont très chers. Le prix des transports est similaire à celui en France. La bourse du stage suffisait si je décidais de ne rien faire en dehors de mes cours. Si je décidais de voyager pour découvrir le pays ou de sortir il fallait que je sorte l'argent que j'avais mis de côté.

Et le logement ?
J'ai eu deux logements durant mon voyage. Le premier était dans un quartier dynamique de Séoul, dans un appartement en colocation. L'appartement se trouvant en sous-sol, il faisait très froid et assez humide en plus d'être assez loin de mon lieu de stage. J'ai donc décidé de changer de logement et j'ai fait appel à une agence immobilière que quelques amis étrangers avaient contactée quelques temps auparavant. Mon logement était composée d'une seule grande pièce de 23m2, au premier étage, propre et tout équipé.

Des activités hors stage ?
J'ai effectivement eu des activités autres que mon stage. J'ai cherché un travail dans un restaurant pour pouvoir me payer mes sorties et je me suis dit que le meilleur moyen d'apprendre la langue était de la pratiquer au quotidien. Le restaurant dans lequel je travaille étant coréen, et l'équipe étant composée d'étrangers et de coréens, nous communiquons uniquement en Coréen. Je me suis inscrite dans un institut privée de coréen pour approfondir pendant 6 mois mais les cours étant chers et l'emploi du temps ne me convenant plus j'ai fini par arrêter. J'ai également voyagé dans plusieurs villes pour découvrir d'autres coins que la capitale. Les Coréens sortent tous les soirs après le travail, souvent pour décompresser, alors si on veut suivre le rythme, toutes ces sorties ont un coût.

Cette expérience à l'étranger vous a-t-elle apporté quelque chose à titres professionnel et personnel ?
Elle m'a changée. Je n'ai plus le même objectif professionnel et je pense que personnellement, j'en ressors grandie. Professionnellement, j'ai décidé de me réorienter pour devenir prof de français à l'étranger. Voir ces étrangers curieux à propos de ma langue et de ma culture m'a donné envie de les aider et au lieu de devenir professeur des écoles, je pense devenir professeur de français  à l'étranger ou en France dans un organisme pour les étrangers. Personnellement, me retrouver à l'autre bout du monde, dans une culture et avec une langue que personne dans ma famille ne connaît, m'a forcée à être responsable et mature pour prendre les bonnes décisions. Partir à l'étranger est, je pense, le moyen pour un jeune de notre génération de s'ouvrir au monde, de découvrir ce qu'il y a au-delà de nos frontières. Dans un monde où nous sommes confrontés à ce qui se passe dans les autres pays, où nous voyons sans cesse des informations sur ce qui se passe partout, que ce soit sur les réseaux sociaux ou à la télévision, je pense qu'il est important d'aller voir soi-même sur place. Partir à l'étranger ne m'a apporté que du positif et je pense qu'il n'est pas vraiment possible de décrire ce que cette expérience représente, il faut la vivre. Pour sa culture personnelle et professionnelle, je pense que chaque jeune de notre génération devrait passer par une expérience comme celle-ci.

Recueilli par S.P.

Stages monde
Programme piloté et financé par la Région Bourgogne-Franche-Comté. Il permet aux jeunes diplômés et jeunes demandeurs d’emploi, de 18 à 30 ans, domiciliés en Bourgogne-Franche-Comté, de réaliser un stage professionnel de 3 à 5 mois dans le monde entier. Il prévoit notamment une convention de stage, une aide financière, des assurances rapatriement et responsabilité civile, un accompagnement et un suivi.
fc.bourgognefranchecomte.fr, 0381616285

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