décembre 1996

Pas besoin de revolver pour soumettre les adeptes

Michel Monroy, psychiatre parisien à la retraite depuis quelques mois est également membre du CCMM. Analyse du parcours des adeptes.

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«Les problèmes que rencontrent les adeptes de groupes sectaires ne relèvent pas de la psycho-pathologie, ça n'a pas de rapport avec une maladie mentale. Ce qui peut entraîner l'entrée dans un mouvement, c'est une situation de désarroi, une recherche de sens à la vie, un manque d'idéalisme, le besoin d'engagement. Cela peut se produire dans une période de rupture, de deuil, de difficultés de tous ordres, mais ce sont surtout des éléments positifs qui jouent, l'aspiration à des idéaux de façon positive. Le travail psychologique opéré par les mouvements sectaires est de transformer les gens peu à peu. Il est rendu possible par le prestige et le charisme du leader et les techniques de déstabilisation mentale les plus éprouvées. Il s'agit de faire douter la personne de ses repères et de lui en proposer de nouveaux. C'est déstabilisant car les gens sont placés dans la condition de profanes devant être initiés à un mode de fonctionnement nouveau. L'initiation se fait de façon globale, totalitaire : il faut manger, boire, aimer, dormir, penser, croire comme le veut le groupe. En outre, il s'exerce une pression très forte qui s'appuie sur la loyauté et la culpabilité. On dit à l'adepte : «Si tu ne fais pas ça, tu ne progresseras pas. Si tu n'es pas d'accord avec ça, tu es déloyal, tu n'es pas un bon membre.» Les sectes induisent une dépendance de l'individu au groupe qui provoque une peur terrifiante d'être exclu, banni. C'est cette menace qui soumet l'adepte, l'idée douloureuse de perdre le groupe. Pas besoin de revolver. L'univers construit par la secte est une prothèse d'un univers réel, c'est pour cette raison que les adeptes ont les pires difficultés à réatterrir. Ils ont vécu dans cet univers construit savamment et ,progressivement, s'en séparer est pire qu'une perte d'objet. Les gens privés du groupe se trouvent démunis de toutes les valeurs inculquées. La psychologie peut apporter une aide semblable à celle qù'elle apporte pour un deuil ou pour sortir de la toxicomanie. On ne déprogramme pas, mais on aide à passer le cap du sevrage. Donc ce n'est pas forcément de spécialistes de groupes sectaires dont ont besoin les anciens adeptes, mais d'un psychologue. Il s'agit d'un sevrage comme un autre, comme lors de la perte d'un amour ou de la sortie de la toxicomanie. Et il faut soigner la culpabilité due au bourrage de crâne subi.»
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