Depuis petite, Tu Ha An rêve d’être illustratrice. Son entourage imprégné de la culture et des normes vietnamiennes des années 90 voit cette idée d’un mauvais œil, l’art n’est pas un vrai métier, et surtout, pas un métier pour femme. Freinée par cette idée, elle emménage en France et se lance dans des études en DUT hygiène sécurité et environnement puis dans l'ingénierie en Bretagne avant de travailler dans la sécurité ferroviaire à Dijon. Collègues chaleureux, chefs qui font figure de mentors, nouvelles technologies attrayantes… le travail est intéressant mais sa motivation est ailleurs : « Elle ne provenait pas de l’intérieur de moi même. J’avais toujours cette idée d’illustratrice en tête ». En 2021, lorsqu’une opportunité s’offre à elle, elle troque l’uniforme de la sécurité ferroviaire pour les crayons et les pinceaux.
Un film “behind the scenes” pour retracer son parcours
Comme tout entrepreneur qui se lance, Tu Ha An est confrontée à des difficultés, des questions et des doutes. Elle constate que “le sujet de la reconversion manque de témoignages de gens qui débutent”. Elle documente son parcours au quotidien à l’aide d’une caméra et de ses pensées jusqu’à ce que l’idée d’un film prenne vie. « Un film, on peut le regarder à plusieurs en même temps. C’est un support qui permet de ressentir les mêmes émotions, de créer un moment de partage, et d’ouvrir la discussion après la projection ». La base du film ? Des raw footages personnels « montrant ses actions en temps réel tout le long du parcours ». Car au fil de ce parcours, elle s’aperçoit qu’il existe des possibilités d’aides, qu’elle considère méconnues. « J’ai eu la chance d’être accompagnée par plusieurs organismes comme la Coursive, le BGE, la CAE et les Internettes » qui lui prêtent du matériel, lui offrent des conseils méthodologiques, la mettent en relation avec des partenaires et lui offrent de la visibilité. « Quand j’ai commencé ma reconversion, je n’ai pas trouvé de témoignages de personnes qui débutent ». Elle estime que ces organismes permettent d’économiser du temps et de l’énergie, en particulier la première année, « la plus compliquée ». Dans son documentaire, elle ajoute des interviews d’entrepreneurs et de porteurs de projets ainsi que des questions de particuliers. Behind the Dream veut offrir une vue d’ensemble sur l’entreprenariat et la reconversion. Pour le réaliser, elle s’entoure d’une équipe aux expériences semblables à la sienne. Elle est notamment constituée de Nicolas Saypharath et Joséphine Linder, tous deux coauteurs. En parallèle, elle se rapproche de plusieurs organisations qui peuvent l'aider à réaliser son projet. L’Aparr¹ lui conseille de se rapprocher du Clap² “qui colle avec la mentalité et le dynamisme du projet”.
Avec ses six épisodes de dix minutes prévus pour cet été sur YouTube, Tu Ha An espère donner un coup de pouce aux entrepreneurs hésitants à l’idée de se lancer tout en mettant en lumière les organismes qui aident à la réussite de projets comme le sien. Elle pense même revenir à Dijon pour présenter le résultat final : « Ce serait un au revoir digne de ce nom à Dijon, où j’ai passé 5 années remplies de bonheur ».
Lola GOLL
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