Il y a plein de manières de ne pas réussir, mais la plus sûre est de ne jamais prendre de risque. Nina Thevenin, elle, a choisi de quitter son père conseiller d’orientation et sa mère professeur d’anglais pour se rapprocher de Los Angeles, lieu du prochain rendez-vous olympique. En déménageant en Arizona, au sud-ouest des États-Unis, il y a 14 mois, Nina, originaire de Besançon et formée au Doubs Sud Athlétisme, signerait tout de suite pour prolonger le chemin jusque dans l’Etat voisin dans 3 ans.
Le petit bolide de 1m60 a débuté en septembre sa 2e année universitaire à Grand Canyon University, à Phénix. Un projet qui a pris corps en septembre 2024 avec l’objectif de disposer de meilleures structures d’entraînement et de concilier études et haute compétition. « J’ai fait une année de Staps en France, mais c’était super compliqué. Quand on m’a proposé de partir, j’ai dit ok. Je ne regrette pas. C’est top malgré les 33°C de moyenne en ce moment ! J’ai cours le matin, sauf le lundi, puis une séance d’entraînement et des soins l’après-midi. »
Complètement intégrée, parfaitement bilingue, (« c’est bizarre, les mots me viennent en anglais ! »), Nina doit ses qualités de vitesse et d’explosivité en partie à l’héritage familial. « Du côté de ma maman, il y avait beaucoup d’athlètes… En primaire, j’ai vite vu que j’étais la plus rapide de l’école, dans mon village des Auxons (25). Ce que j’aimais, c’était courir vite. Pourtant, j’ai commencé par la gymnastique rythmique et sportive (GRS) puis j’ai voulu suivre mon grand frère sur un cross. »

« Encore apprendre »

Avant de changer de vie, elle s'était déjà rapidement imposée comme une jolie promesse de l’athlétisme français, en signant notamment un chrono de 11"50 sur 100 m à Albi. Lors des championnats du monde U20, à Lima, en août dernier (« mon meilleur souvenir »), elle a confirmé son potentiel, mais assume le travail restant à réaliser.  « J’ai encore beaucoup à apprendre. Sur 100 m, je dois progresser au niveau de la technique, du placement et de la transition. » Sur les distances plus longues, l’éclair bisontin compte sur les méthodes américaines, très axées sur le 400 m. « Ça ne peut qu’être positif pour moi dont le point fort est plutôt le départ. » Elle juge sa première saison américaine « correcte » car malgré tous les changements, elle est restée proche de ses records personnels (1).

« Los Angeles, c’est chez moi ! »

Les compétions reprennent en décembre aux States. Les signaux sont au vert jusque-là. « C’est dur mais ça va ! Mon groupe d’entraînement est sympa, je m’entends bien avec les lanceurs, les sauteurs, les sprinters… J’arrive à sortir avec les copains. Mes parents sont venus l’année dernière. Moi, je suis rentrée cet été et je rentrerai aussi pour Noël. J’ai des nouvelles tous les jours. »
A moins de 20 ans (elle les fêtera le 21 décembre), la Bisontine, ex du lycée Pergaud, peut envisager l'avenir avec ses yeux gourmands et compte bien « bosser dur » pour accrocher les JO de LA 2028. « En plus, c’est chez moi » lâche-t-elle spontanément avant d’ajouter dans un éclat de rire « enfin, chez moi… entre parenthèse ! ».

Christophe Bidal