C’est un projet étudiant qui a évolué en défi sportif puis en excursion pédagogique autour de problématiques environnementales et enfin en documentaire réalisé par Charles Lavilanie, sorti cette semaine en salles. Fondateur de Pictura Films à Lyon, ce dernier travaille des sujets à la croisée de l’aventure, de l’environnement et de la culture. Les enjeux de la fragilité des écosystèmes, de notre rapport au vivant, de l’urgence environnementale se sont retrouvés au coeur d’un projet qui ne tournait pas forcément autour initialement. « Au départ, l’IUT de Chalon m’a contacté pour garder un souvenir audiovisuel de l’initiative. Il y avait déjà une sensibilité écologique chez les étudiants à l’origine, mais elle a pris de l’ampleur au fil des discussions. L’idée d’avoir le plus faible impact possible avec leur projet, de l’utiliser à des fins de sensibilisation rencontraient mes préoccupations. On a décidé de montrer la réalité du réchauffement, mais avec de belles images, pour ne pas être trop négatif. » La Voix du Glacier Blanc parle à la fois du périple sportif de 7 étudiants chalonnais et de la fonte d’un glacier emblématique. Les images montrent des paysages qu’il ne sera certainement plus possible d’admirer d’ici quelques années. Mais sans être trop technique ou scientifique, en restant didactique, le film permet de comprendre que la fonte d’un glacier a un impact bien au-delà d’un simple problème touristique ou paysager. « Dès le départ, j’ai voulu adopter un ordre chronologique pour que les spectateurs découvrent la réalité en même temps que les étudiants. Et faire un film de montagne pour les gens qui n’ont pas l’occasion d’aller en montagne, comme c’était le cas pour ces étudiants » explique Charles Lavilanie.
Etudiants en plaine, ils n’étaient pas non plus directement impliqués par leurs études dans l’environnement montagnard ou dans l’écologie. « Les élèves de l’IUT ont dans leur cursus un projet à monter, sans obligation de le réaliser » détaille Jérémy Sedoni, professeur d’EPS qui a accompagné l’aventure. « Au tout départ, 4 élèves de génie industrielle sont venus me voir parce que j’avais réalisé un projet sur le Mont Blanc en 2019. Ils avaient idée d’un défi sportif en Norvège, mais on changé d’avis parce qu’ils étaient déjà sensible à la responsabilité climatique. Puis, on a parlé des Alpes avec un projet en minibus et pour le compléter, on a lancé un appel auprès des autres étudiants. Trois d’entre eux, en cursus science et génie des matériaux, se sont ajoutés. Ensuite, l’idée du minibus a été abandonnée au profit de moyens de transports plus responsables, train et vélo. » Pour pouvoir monter sans difficulté à vélo avec un sac à dos conséquent puis grimper à 3730 m, les élèves se sont préparés pendant 10 mois avec les conseils de Jérémy Sedoni. « Ce qu’on a fait n’est pas un exploit sportif insurmontable, mais il fallait quand même être un minimum prêt ».
Charles Lavilenie a préparé le film avec des scientifiques dont la glaciologue Heidi Sevestre, qui a dégrossi le sujet auprès des jeunes. « Son intervention a été un élément déclencheur, estime-t-il, car les étudiants avaient un niveau de conscience écologique très hétérogène. Ensuite, pendant l’ascension, ils se sont vraiment rendu compte de l’impact dramatique du changement climatique, qu’on perçoit moins " en bas " ». Ils se sont également impliqués à part entière dans la réalisation du film. « On a fait des choix éditoriaux ensemble. Ils ont tourné certaines images en go pro, ils ont été actifs au moment du montage. La voix off est assurée par l’un d’entre eux ». Alors qu’il présente le film en festivals et en salles, Charles Lavilenie est aussi dans son projet suivant, en continuité avec La Voix du Glacier Blanc : il s’intéresse aux nouvelles formes de vie qui apparaissent après le retrait d’un glacier.
D’après Jérémy Sedoni, les élèves ont évolué dans leur manière de penser. « C’est sûr que ce projet les a changés. Deux d’entre eux étaient déjà très sensibilisés, Mais je pense qu’il y a eu une prise de conscience générale. Je ne dis pas qu’ils vont complètement changer leurs pratiques ou chercher du travail en fonction de la responsabilité écologique, mais en tout cas leur point de vue sur la question a évolué ».
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