mars 2021

Le démarrage réussi de Vaultia, startup du haut Doubs

Cette néobanque de la sphère fintech a été créée à Morteau par 3 jeunes du cru. Elle se veut à l’écoute de ses 30 000 utilisateurs.
Photo Laurent Cheviet

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Allez voir ailleurs peut parfois donner des idées. En séjour à Londres en 2016, Romain Vermot trouve un système bancaire simple, facile d’accès, pratique à utiliser et des fonctionnalités telles que l’envoi d’argent et la mise à jour du solde instantanés, le zap mobile (gestion à distance en temps réel). Séduit, de retour en France, le jeune homme de Villers-le-Lac cherche l’équivalent sans le trouver. Il évoque le sujet avec Benjamin Chatelain, lui aussi de Villers-le-Lac et avec qui il a suivi la formation de l’école d’informatique Epitech Strasbourg. Si ce qu’ils cherchent n’existe pas, pourquoi ne pas le créer ? L’idée fait son chemin et pour compléter leurs compétences, ils en parlent Noémie Nicod qu’ils avaient côtoyé au lycée Edgar Faure de Morteau et qui a suivi ensuite des études marketing et commerciales à la Burgundy school of business de Dijon.
Février 2021 : les 3 amis sont cofondateurs de la startup Vaultia qui compte, 3 ans après sa création, 20 salariés – dont 15 développeurs - et 30 000 utilisateurs dans toute la France. Ils sont installés à Morteau dans des vastes locaux en cours d’aménagement. « C’est un choix de rester ici, c’est notre environnement. Avec les technologies d’aujourd’hui, c’est possible. Nos collaborateurs peuvent travailler de loin, on leur demande d’être présent une partie du temps pour la cohésion d’équipe. A Paris, on devrait payer des locaux hors de prix. Et comme il y a peu de fintech dans la région, c’est plus facile de se faire aider ».
Ils ont créé leur entreprise alors qu’ils n’avaient pas encore fini leurs études. « On a eu beaucoup de challenges à relever pour créer une fintech sans compétence métier, sans avoir jamais travaillé et à la campagne sourit Noémie. Au départ, les investisseurs nous disaient « vous êtes fous » ». Mais ces derniers ont fini par être convaincus : une première levée de fonds d’1 million d’euros devrait être suivie d’une autre, prochainement. « Je m’occupais de cette partie-là tandis que Romain et Benjamin se chargeaient de l’opérationnel. J’en ai pris plein la tête, en partie parce qu’une jeune femme dans la fintech se heurte à des préjugés. J’ai fait des allers-retours à Paris dont je revenais un peu découragée. Mais à chaque fois Romain et Benjamin me remettaient au clair. C’était du ping-pong ! Et avoir notre environnement familial sur place nous a aidés. D’ailleurs notre situation rendait les choses simples. Au pire, si ça ne marchait pas, on rentrait chez nos parents ».

Génération Z

« On n’a jamais eu le temps de se poser la question de continuer complète Romain. Créer Vaultia, c’est du boulot de 70, 80 h par semaine. Mais on ne se plaint pas, ça nous appartient ». Benjamin insiste sur le travail d’équipe. « On se repose les uns sur les autres, on se complète et on est d’accord sur les grandes lignes du projet ».
Vaultia s’est d’abord appelé Moneway. Le nom étant déjà utilisé, l’entreprise a été rebaptisée à partir du mot anglais signifiant « salle des coffres ». Elle s’adresse plus particulièrement aux 18 – 27 ans. Eux-mêmes nés en 1995, ses créateurs sont de la génération Z, pour qui tout doit pouvoir se faire en ligne, facilement et rapidement. Pour lancer leur néobanque (elle propose des services bancaires mais ne gère pas de fonds), ils ont créé un version bêta proposée à des testeurs qui signalent les bugs et donnent leur avis sur les fonctionnalités comme le design. L’offre est en évolution permanente en fonction de ces retours et des souhaits des utilisateurs. La première version « stable » a été lancée le 15 décembre dernier. Elle poursuit sa route en lean marketing. « On propose la version bêta en parallèle. Ceux qui veulent être testeurs ont les fonctionnalités en avant-première. Quand elles sont stables, on les passe en V1 ».

Ceci n’est pas une banque

Ils ont voulu une offre facile et rapide d’accès, transparente (voir sur leur site), gratuite en ce qui concerne la formule de base. Leur blog est représentatif de la culture génération Z : des explications, des conseils, des astuces rapides à lire. « Notre offre, c’est un compte, une carte, une appli pour tout faire de A à Z. Pas de conseiller, pas d’agence. C’est ce que veut la génération Z » assure Noémie Nicod. « On se concentre sur les jeunes mais on veut évoluer avec nos utilisateurs. Pour l’instant, ils ont juste besoin d’un compte de paiement. Les banques ont un panel tellement énorme qu’elles ont du mal à s’adapter ». Il n’est donc pas possible d’effectuer un prêt immobilier avec Vaultia. Le modèle économique n’est pas non plus le même. « L'argent de nos utilisateurs est placé sur des comptes de cantonnement. Nous ne pouvons pas l’utiliser pour des investissements ou autre ».
Le fonctionnement est plutôt axé sur 3 piliers : une base de données de marchands, une offre de base « free to pay » mais pouvant être complétée par des options payantes en fonction des besoins (cartes virtuelles, assurances supplémentaires, prêts, crédit, épargne …) et une politique de fidélisation « générationnelle » : « les jeunes utilisateurs sont de plus en plus difficiles à atteindre détaille Noémie. On essaie de fidéliser en répondant à leurs attentes par l’aspect collaboratif. La majorité des personnes appartenant à la génération Z, les 18-27 ans sont exigeantes, et leurs maîtres mots sont « personnalisation » ; « instantanéité » et « engagement ». Ils attachent beaucoup d'importance aux valeurs des marques qu'ils utilisent. Ils aiment donner leurs avis, d'où notre volonté de construire notre néobanque avec nos futurs utilisateurs. Ils ont la possibilité de faire entendre leur voix. Nous valorisons leurs idées, leurs remarques, leurs besoins et leurs envies, et les utilisons, afin de peaufiner nos services. Notre communauté est très active sur les réseaux sociaux, sur notre blog et notre forum, de réels lieux d’échanges avec nos utilisateurs ».

S.P.
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vaultia.com

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