mai 2012

Jeunesse extrêmement sonore

Trois Pontissaliens publient un "Etat des lieux des musiques extrêmes". Metal, punk, hardcore, postrock… Une histoire de 50 ans de rock radical.
Photo Yves Petit

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Quel point commun entre les blues électriques, étirés, épais de Led Zeppelin, les accords rachitiques, nerveux du premier Clash,  les distorsions intellos de Sonic Youth et les épanchements postrock de Sunn O))) ? Réponse : la radicalité du propos et la virulence par rapport à la musique dominante de leur époque.
C'est sur ce dénominateur qu'Antoine Petite, Ludovic et Damien Chaney ont accompli un énorme travail de recensement et de sélection de près de 50 ans (1962 - 2011) de transgression musicale. Le résultat est paru en décembre dernier, après 3 ans de travail, aux éditions du Camion blanc : 1000 pages, 450 albums et autant de groupes. Et encore, l'élaboration d'"Etat des lieux des musiques extrêmes" a été facilitée par la passion qui habite les trois auteurs et amateurs éclairés.
Trois Pontissaliens ayant la trentaine. Des amis d'enfance, baignant dans le milieu musical. Leur connaissance «complémentaire» du domaine visité a servi de point de départ et de balisage à une écriture effectuée par une vingtaine de collaborateurs, «pour diversifier les plumes». «On est tous les 3 des boulimiques de musique relate Antoine. Moi-même suis fils de punk-rocker, je suis tombé dedans tout petit. C'est Damien qui est à l'origine première du projet. L'idée nous a plu : entre les livres sur la musique soit trop spécifiques, soit trop larges, on s'est dit qu'il y avait un créneau». Ils étaient dans le vrai semble-t-il : les premiers retours, les premières dédicaces rencontrent un vrai succès.  Antoine Petite a supervisé les travaux, rédigé une bonne partie des textes, comme il le fait régulièrement pour le magazine Inked ou pour des webzines.
Le plus difficile a peut-être été pour eux d'établir la liste des albums. Avec autant de mises à l'écart crève-coeur que de titres retenus. Pour se faciliter la tâche, quelques règles : pas de live, pas de compilation, un seul album par groupe. Le champ exploré reste vaste. «D'autant que le mot extrême est un terme générique qui peut être trompeur». Effectivement : Cheap Trick, Weezer, Offspring, la power pop n'est pas loin.
Il est aussi question de mise en perspective : à une époque, Jethro Tull pouvait être considéré comme radical. Pas sûr qu'avec les surenchères enregistrées depuis, l'étiquette puisse encore leur être accolée. Mais l'idée est justement de relater une histoire, un cheminement. «On présente les groupes dans l'ordre chronologique inversé car c'est souvent la façon dont procèdent les amateurs de musiques actuelles. Ils démarrent en écoutant les groupes d'aujourd'hui et peu à peu remontent les influences». Le livre part donc de Fucked Up pour arriver aux Sonics, groupe de Seattle souvent cité comme source première du garage et du punk.
«Pour les plus récents, c'était plus délicat car on n'a pas de recul. On a essayé de sélectionner des choses créatives mais sans savoir si elles vont rester marquantes. De toute façon, c'est un travail fortement subjectif. Chacun trouvera un groupe qui manque ou un album en trop. Même si la résonance et l'influence reconnue, les précurseurs, les grosses ventes, les titres devenus des références ont été des critères plus objectifs».
Au gré des pages des noms très connus, d'autres obscurs, d'autres complètement oubliés. «Il y a des albums qu'on pourra difficilement se procurer». Pour chacun, deux pages comprenant nom du groupe, pays d'origine, titre, tracklisting, date de sortie, maison de disque, pochette et chronique.
Remarquablement, presque toutes les pochettes, presque tous les jours de parution sont mentionnés. Au total 26 pays sont représentés. «Avec peu de Français, mais des origines de toutes les zones géographiques. Même Israël et l'Amérique du sud sont représentés. Il manque seulement l'Afrique» indique Antoine Petite. Quoique. Si on lit bien l'éditorial de Damien Chaney, si on remonte jusqu'à la source, celle qui a fasciné Jimi Hendrix et Jimmy Page, tout ça vient du blues.  Lequel vient un peu d'Afrique. Et lequel était au départ en partie constitué de messages cryptés échappant à l'entendement des Blancs, indiquant par exemple les filières d'évasion des lieux d'esclavage. Vous avez dit subversion ?

Stéphane Paris
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