octobre 2013

Xavier Thévenard, champion d'ultra-trail

Le jeune homme de Jougne a gagné le prestigieux UTMB, dès sa première participation. «C’est un chamois» dit son entraîneur.
Photo Laurent Cheviet

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31 août 2013 à Chamonix. Au terme de 20 h 34 mn et 57 secondes de course, Xavier Thévenard devient le 8e vainqueur de l’ultra-trail du Mont-Blanc (en 11 éditions). Pour lui, le tableau est complet : première participation, première victoire parmi 2300 concurrents et record de la course. Avec 168 km  et 9600 m de dénivelé positif, l’UTMB est l’une des deux plus grandes épreuves au monde avec la Diagonale des fous, à La Réunion. Le nom du jeune homme de Jougne apparaît dans L’Equipe, Le Monde mais aussi le New York Times. «Le fait qu’il gagne ne nous a pas surpris car il a toutes les qualités estime Laurent Ardito son manager du Team Asics. Mais on avait plutôt programmé cette victoire pour 2015».
A 25 ans, Xavier n’est pas à son coup d’essai. Déjà, lors de sa première participation à la CCC, la «petite» course de 98 km (Courmayeur-Champex-Chamonix), il avait gagné l’épreuve. Même chose pour le combiné Transju où il s’était inscrit en 2010. Une réussite rapide que Laurent Ardito explique : «C’est du sport et de la montagne, deux univers qu’il aime. Il y a trouvé sa voie. La montagne est son élément. Le dévers, la boue, la nuit, le mauvais temps : tout ça il connaît bien. Pour lui, ce n’est pas agressif, il y est totalement à l’aise. Il ne trébuche pas, ne glisse pas, ne tombe pas. Il a un pied habitué, c’est un chamois».

"Entraînement dur, course facile"

Modeste, Xavier Thévenard garde la tête sur les épaules : pour lui, tout cela est naturel.  La montagne, il l’a connue très petit. Né à Nantua, il a vécu son enfance aux Plans d’Hortonnes, sur les contreforts du massif jurassien. «J’étais tout le temps dehors. Là-bas, si on n’est pas amoureux de la nature et de sport, il n’y a pas grand-chose à faire. Je partais souvent dans la forêt et la montagne. Etre là, au milieu de nulle part, c’est plaisant : tu as juste à contempler. Quand j’ai commencé le trail, je m’y suis retrouvé. Sans parler de compétition, ce sport est une passion, un art de vivre, un bien-être quotidien».
Le sport, une passion qui date : «dans ma famille, on en fait tous. Mon père était moniteur de ski et président du club local. J’en fais depuis l’âge de 5 ans».  Ski de fond puis biathlon : c’est par cette discipline qu’il est arrivé en Franche-Comté, intégrant le lycée Toussaint Louverture à Pontarlier, en section sport études (1).
«Auparavant, j‘étais dans le comité de l’Ain de biathlon, depuis l’âge de 12 ans. J’ai tout de suite compris que pour faire des bons résultats, il fallait s’entraîner sérieusement. Nous avions un entraîneur allemand, Andreas Hemman, ancien biathlète de RDA. Son dicton favori : «entraînement dur, course facile». Selon Laurent Ardito, «c’est là qu’il a acquis ses qualités physiologiques. Grâce au ski, c’est un monstre d’endurance. Avec ça, il a un morphotype complètement adapté au trail. Il n’est pas très grand, léger, avec des qualités de force».

"J'ai appris à me connaître"

De cette époque, Xavier Thévenard a gardé l’habitude se s’entraîner, tout le temps, et acquis sérieux et discipline : «Depuis 12 ans, je note tout ce que je fais dit-il en montrant plusieurs carnets remplis. J’ai peu à peu appris à savoir ce qui fonctionne ou pas. Maintenant, je me connais. Je sais aussi que le plus important, c’est l’alimentation. Si on s’alimente bien, on dort bien, donc on récupère bien». Dès lors, il n’est peut-être pas étonnant qu’il se sente mieux en longues distances : «Plus que se battre contre un chrono ou des adversaires, c’est de la gestion de soi et des ses capacités».
C’est aussi le biathlon qui l’a mené au trail. En junior, il faisait partie des meilleurs français de la discipline, mais la sélection y est sévère. Lors de sa dernière année junior, décisive, il termine 5e au classement général de la coupe de France. Insuffisant pour poursuivre en équipe national. Retour au ski de fond. «Il fallait laisser la place aux plus jeunes. Mais pas question d’arrêter le sport. J’avais très envie de faire des longues distances en ski de fond. Je me suis testé sur la Transjurassienne et à ma grande surprise, j’ai terminé 28e». Le déclic arrive lorsqu’on lui parle de la Transju’trail (70 km et 3000 m de dénivelé) et du challenge Transju combinant les compétitions d’hiver et d’été. Il fait 7e à la première et remporte le second. «Ce trail m’a vraiment plu, alors j’en ai fait d’autres en 2010. C’est là que j’ai gagné la CCC. J’ai alors été sollicité par plusieurs marques et j’ai signé avec le Team Asics. Avec eux, j’ai beaucoup progressé. On est suivi sur tous les plans». Le Team Asics lui permet d’être encadré par un staff , d’avoir des conseils d’entraînement ou de diététique et de bénéficier d’un gros contrat matériel. Pas de bénéfice financier pour l’instant même si ses résultats pourraient changer la donne. «L’esprit de la course en montagne, ce n’est pas l’argent. Il y a peu de sous en jeu. On sent que ça commence à arriver mais je ne sais pas si c’est une bonne chose ou pas».

Stéphane Paris

(1) Au lycée Toussaint Louverture, Xavier a suivi une section sport études, lui permettant d’obtenir un bac pro menuiserie et un brevet d’Etat de ski nordique parallèlement à des entraînements biathlon de haut niveau. Il a également passé un BPjeps activités physiques pour tous qui lui permet aujourd’hui d’être éducateur à Espace Mont d’Or.
A voir
- Voir la course UTMB

- Site officiel de Xavier Thévenard

- interview de Laurent Ardito

- interview de Jacky Maillot, médecin

Son avis sur l'engouement pour le trail
«C’est une pratique simple : une paire de baskets et on va où on veut. Je pense que cela a aussi à voir avec la société de stress, de boulot mais aussi de confort. Peut-être que les gens ne s’y retrouvent pas, ont besoin de penser à autre chose, de se dépenser et parfois de sortir de ce confort, d’aller au bout de leurs limites».

Son entraînement
"J’alterne les périodes de repos et les périodes d’entraînement intense où l’on fatigue l’organisme pour pouvoir surcompenser après. Pas de muscu mais du gainage. L'hiver, beaucoup de ski de fond".

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